mercredi 16 septembre 2020

Tous dopés !

 


"Le dopage consiste à prendre des stimulants pour améliorer ses performances"


Rendons à Futura-Sciences, ce qui appartient à Futura-Sciences. La simplicité de leur définition a l'avantage d'éviter la prise d'une substance potentiellement dopante : l'Ibuprofène®. La subtilité nécessaire des autorités idoines étant bien plus propice à des maux de têtes, qu'à mon rebond rhétorique.


Avec le Tour de France, le sentencieux "tous dopés" reprend de la vigueur. Logique. Quand il est déclamé par un cycliste que tu viens de dépanner, c'est surprenant. Mais quand tu réalises que c'est un cyclo-mytho, tu comprends.


Vous savez : ce gars qui se sent obligé de vous dire qu'il a gagné des courses à la saucisse, quand il était jeune. Et que s'il arrivait derrière, c'est que ceux devant étaient forcément dopés. Quand tu pousses un peu, tu t'interroges rapidement sur la cohérence de ses propos. Mais pas autant qu'avec l'apno-mytho. Celui-ci discute avec Romaric avant une partie de pêche sous-marine ; en apnée, donc.

- Je pêche parce que je suis trop vieux pour la natation. Avant j'étais spécialiste du 100 m.

Romaric lui tend la perche qu'il saisit. Notre sujet disserte et indique qu'il plafonnait juste en dessus de la minute. Il apprend que Romaric avait accrocher 24'95 sur sa discipline de prédilection : le 50 mètres.

- Ah, ouaih ! Je me souviens : je passais sous les 22 secondes

- Bravo mon gars. T'es aussi fort que Florent Manaudou et faudra que tu m'expliques comment tu restes à la minute avec une telle perf' !


Pardon pour cette parenthèse. J'en ai totalement perdu mon rebond rhétorique. Mais je m'en serais voulu de ne pas vous partager cette anecdote croustillante.


Bref, mon cyclo-mytho assène, plein de certitudes : "Faut être dopé pour faire un Ironman® !"


Premier réflexe : "y a que les cons et les dentistes qui font des amalgames* !"

Deuxième : le saluer et finir sa sortie vélo tout seul.

Troisième : assumer. 


Oui, nous - les finishers - nous sommes tous dopés.


Oui, nous avons des "stimulants pour améliorer la performance", que bien d'autres n'ont pas.

D'abord, j'avoue que je renouvelle régulièrement mes globules rouges, si précieux dans les sports d'endurance. Oui, je le confirme : je donne mon sang !

Ensuite, dans un article, j'évoquais l'importance qu'avaient mes filles en la matière. Cette double dose d'adrénaline et ocytocine est précieuse, voire indispensable à mon accomplissement sur Ironman® et pas que ... 

D'aucun pourrait alors contester ; en indiquant que nous ne sommes pas les seuls à profiter de cela. En l'espèce, le couple MADIOT-PINOT ; c'est quand même quelque chose, avec cette scène désormais mythique.


Nos encouragements ne seraient donc pas si différents, de ceux dont bénéficient d'autres sportifs. Soit. Mais qui d'autre a le bonheur de voir ses filles arborer si fièrement ses T-Shirt de finisher ? Ce signe indiquant aux autres élèves de leur classe : "mon papa, n'est pas PDG ni médecin, mais c'est un Ironman".


Croyez-moi. Quand il est difficile de résister aux tentations du canapé le dimanche matin, ou après un déplacement pro, c'est une pensée qui me pousse. Me pousse à m'entraîner davantage que les autres. Me pousse vers ce stimulant à proprement parlé : l'entraînement.


Il est vrai que nous fleurtons avec la bigorexie et que, ce qui nous en préserve, est l'attention que nous portons à notre famille.


Oui. Je suis dopé à l'entraînement, comme je suis dopé à la Finish Line. J'y ai consacré une ode ; dont le lyrisme était surtout destiné à un partage avec Xavier, à quelques jours de son Ironman®. Son premier. Car, j'attends la date et le lieu du deuxième, pour l'y accompagner.


C'est tout le paradoxe. La Finish Line est autant une fin qu'un moyen. C'est autant un objectif qu'un levier puissant pour se donner les moyens (justement) de l'atteindre, dans le délai escompté. La raison pour laquelle tu désires tant t'améliorer. Ce qui explique probablement, en partie, pourquoi "le Long" (la distance Ironman® comme les ultra-trails), est l'une des seules disciplines permettant de s'améliorer après 25 ans. Et ça ; si on ne peut le qualifier de dopant, c'est incontestablement stimulant et kiffant !





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* Cette citation est libre de droit pour mes lecteurs préférés et n'arbore donc pas le ®