dimanche 30 octobre 2016

Libéré, délivré ...



D’abord, mes excuses les plus sincères pour cette ritournelle qui ne vous quittera pas de la journée. Mais c’est de la faute de Bertrand, mon chat noir ! N’ouvrez pas son article sur le Blog de MSA Tri si vous craignez de vous taper la tête contre les murs en raison de troubles auditivo-mémoriels. 

Cela étant, je ne vous écris pas cela pour vous aider à trouver ce qui provoquera le plus de peur chez vous, en cette période d’Halloween. Simplement, car ce refrain résume peut-être, à lui seul, ma motivation fondamentale et cachée de triathlète. De là à ce qu’il m’accompagne sur les 42 bornes de running à Vichy, voir sur la fin du vélo, il n’y a qu’un pas, ou – devrais-je dire – une foulée … Oui : ça fait vraiment peur là ! 

Bref, ma réflexion a démarré la semaine dernière à l’occasion de l’anniversaire de mon ami d’enfance. Encore un Fred, diront ceux qui savent qui se cachent derrière les pseudonymes de Quenotte et de Roadrunner. Je suis cerné. Ca fait (encore) peur ! Bref, j’y revois Joe qui, tout comme Fred et Manu, faisait preuve d’une aisance déconcertante pour emballer en soirée alors que je revenais régulièrement « broucouilles », comme on dit dans le Bouchonnois*. Mais on n’est pas là pour parler chasse ! ;-) Bref, Joe, c’est 38mn sur 10 km et 1h25 sur semi-marathon ; là où les chronos de ma jeunesse plafonnaient à 42mn et 1h33. Bref, à quoi bon s’employer lorsqu’on constate le poids du facteur génétique dans la performance ? 

Fred a bien connu le gamin un peu rondouillard que j’étais. Des prédispositions familiales au surpoids et aux varices, une peau bretonne, sans compter des problèmes bucco-dentaires qui empoisonnent la vie des sportifs ; les infections pouvant provoquer des pertes de sommeil ou des tendinites. L’institutrice de maternelle avait d’ailleurs décelé chez moi des troubles psychomoteurs car, écrivait-elle, je ne savais pas sauter à pieds joints. Il y a donc des moments où je me demande ce qui m’a amené à faire des sports d’endurance et ce que je peux en attendre, puisque Dame Nature ne m’y invitait pas. Des instants en compétition lors desquels je suis pris du syndrome du « qu’est-ce-que je fous là ». Un questionnement mental qui arrive à bien des compétiteurs et ruine en 3 minutes, 3 mois de préparation. Un trimestre d’abnégation dans l’espoir de grapiller 25 secondes sur les 1,5km de natation, 60 sur les 40 de vélo et 40 sur les 10 km de course à pieds d’un « Distance Olympique » (…). Là, déjà, j’ai perdu des lecteurs qui se demandent à quoi sert cette course au temps. Laquelle devient d’autant plus futile que ladite interrogation, disons-le, cette défaillance mentale, anéantit donc ces efforts de longue allène. Puisqu’on reste entre nous après le départ d’une grande partie de l’auditoire, je vous en livre la démonstration et le retour d’expérience rapide. Il te reste 5km à parcourir à 4’50 du kilo. Tu viens de te couper les jambes avec cette pensée négative. Tu termines en gestion. Ah ! J’adore cet euphémisme sportif - « j’ai terminé en gérant » - dont je ne suis pas avare! Bref, tu cours désormais à 5’15 du kilo, soit 25 seconde plus lentement, sur les 5 qu’il te reste à parcourir. 5 fois 25, « je vous le donne en mille Emile », 125 secondes …

S’il y a bien un truc qui me fait peur, c’est ça. Craquer à Vichy. Un peu comme si j’étais au régime depuis deux mois et que je succombais à une raclette. Lorsqu’on me demande ce que j’aime dans le triathlon, mon premier réflexe est de citer les copains qui le partagent avec moi. « Le sport n’est qu’un prétexte pour se revoir ». Et c’est sincère ! Quel plaisir j’ai à retrouver mon vieil ami, David, régulièrement par ce biais. Et que dire de Ben, parti en Haute-Savoie : le triathlon rapproche les montagnes qui nous séparent. Ici, le point culminant est à 138 m : c’était donc juste pour l’image, hein ? Cela étant, lorsqu’on court, on ne reverra les copains qu’à l’arrivée. Donc, ce levier de motivation ne fonctionne plus. Alors, il faut chercher plus loin en soi. Il faut que je travaille sur ma préparation mentale. Que je dépasse cela. Que j’écrive pour comprendre … that’s the blog main !
  

Et c’est là qu’Elsa intervient. Oui, vous savez bien : libéré, délivré !

Oui, nul n’était besoin de faire ma première analyse graphologique en 1994, pour découvrir une « confiance en soi modérée ». Virginie, si tu me lis (encore), je me souviens très précisément de ce trait, que tu avais relaté en feuilletant ton guide de graphologie, alors que nous étions censés réviser pour le bac.

Mais oui, le poids cela se surveille,  comme la peau se protège, les varices s’opèrent et les dents se soignent. La confiance se gagne. Et ne pas sauter à pieds joints à cinq ans, n’empêche pas de faire son premier marathon à 27. Et que les doués en sport de sa jeunesse, ces quaterbacks du lycée, il arrive qu’on les précède sur certaines course ! Pourvu qu’ils n’aient pas l’idée de se mettre ensuite sérieusement au triathlon. Car, là, le fait de franchir la ligne devant restera un (bon) souvenir tandis qu’on regardera ensuite dans la presse spécialisée ces bêtes de sport. Mention spéciale à Tony en ce sens.

Les témoignages, de professionnels comme d’amateurs, expliquent que le sport leur a permis de découvrir leurs limites, pour mieux les dépasser. Cela est d’autant plus vrai que cela surpasse la dimension sportive du pratiquant. Les « limites », c’est la représentation de soi, physiologique mais aussi psychologique, voire psychanalytique. Depuis que je fais des sports d’endurance, je cherche à en augmenter la longueur et ma « maîtrise » : connaissance de l’entraînement et de sa programmation, amélioration des techniques de nages, mécanique du vélo … Ben vous confirmera que je suis parti de très, très loin, concernant les deux derniers points !

Bref, devenir ironman, c’est (me) prouver non seulement que « je suis capable de », mais aussi que je maîtrise et/car j’ai conscience de mon corps. « Un roseau pensant » écrivait Pascal … pas le copain, le philosophe ! Ce sur quoi, les théologiens ne manqueraient pas de rebondir en évoquant les diverses manière d’obtenir « le salut » ; la réussite sportive serait alors le moyen de se rassurer sur ce point. Voilà pour l’ironman. Quant à sa destination vichyssoise, je mettrai un point d’honneur à l'accomplir, en pensant à mes grands-parents qui portaient une étoile sur le torse alors que la France n’était pas encore championne du monde de football …


Libéré, délivré … 



* la période de prescription étant passée et nos famille bien constituées, je ne peine pas à vous donner ce détail « qui ne nous regarde pas »