mardi 27 septembre 2022

Pour devenir un homme de fer, il faut déjà l’être

 



« Vous avez deux heures !», selon l’injonction estudiantine.

 

J’en avais onze, selon ma prétention sportive (...).

  

 

Le temps et les pensées se sont écoulés au rythme de la Meuse ; bien plus digestes, je vous rassure. Bien plus de réflexions que de déception. Par essence, comment être déçu de ce que l’on n’a pas suffisamment désiré ? L’essence, justement, et cette fameuse citation de Sartre (en illustration) : « l’existence précède l’essence* ».


Pour préciser mon propos, comprenez mon titre à l'inverse de l'endroit où votre instinct vous dirigerez. Le devenir est l'essence. L'être, l'existence qui le précède. Homme de fer n'étant que le slogan. Avouez quand même qu'il claque bien ce titre, non ?


Car, bien au-delà des breloques, ce que je recherche profondément au travers de la discipline sportive, c'est de devenir un homme et un père meilleur. Discipline étant tant à apprécier dans sa dimension étymologique (l'apprentissage), que médiatique (la rigueur).


Je crois que je l'ai oublié un temps, dans ma préparation. Je suis certain d'être tombé dans cet écueil, que j'arbore souvent : confondre la fin et les moyens. "L'Ironman ne se limite pas à des chiffres. C'est une guidance. L'engagement doit être quotidien et ne se limite pas à une quinzaine d'heure de training par semaine." exprimais-je dans mon dernier récit.


Cela va plus loin dans l'absurdité. Celle d'un mec qui ne boit pas une goutte d'alcool, mais qui ne réalise pas le même effort avec les carrés de chocolat. Si c'était à refaire (et le je fais présentement !), je profiterais du whisky et du bon vin, avec mon copain modération, qui m'accompagnerait aussi sur le sucré. Résultat : j'ai pris le départ de l'Ironman, vraiment pas aussi affûté, que ce que j'aurais dû. Heureusement, mes exercices de préparation physique ont porté leurs fruits : préserver ma santé et mon intégrité physique. Je n'ai pas été blessé ailleurs que dans ma fierté.


Maastricht n'est ni un échec, ni une déception ; mais un terrible hiatus. Cet écart entre la visée de performer et les moyens à mettre en place pour y parvenir. Non. Je n'ai pas incarné cet objectif. Etre finisher est une chose ; performeur en est une autre.


Cette petite voix dans ma tête. Cette répétition d'une histoire si commune : la mienne, comme celle de nombreux sportifs en découlant avec des activités chronométrées.

- Première épreuve : finisher avec le sourire, sans pression (sauf à l'arrivée). Il semble que le corps et l'esprit se soient préservés car ...

- Deuxième tentative : libéré, on envoie plus et ça fonctionne

- Troisième : on devient confiant et on se met la pression d'un performeur (au lieu de la boire, donc !). Difficile de transformer l'essai de comprendre qu'une compétition ne fait pas l'autre, surtout avec les aléas inhérents à nos disciplines longues et en extérieur

- Quatrième : bis repetita


Toute ressemblance avec des faits ou des personnes ayant existé ne serait pas fortuite.


Transformer, le "j'y arrive pas" en "faut que je change un truc". Mais quoi ?


Comprendre ce que signifie l'objectif qu'on s'est assigné et mettre les moyens en adéquation : être finisher est une chose ; performeur en est une autre. Mais lesquels ?


Nonobstant pas mal de points positifs dans ma prépa, pour devenir Sub11, il aurait fallu que j'atteigne un poids de forme me permettant de courir plus vite .... et d'enfiler ma combinaison plus facilement ! Au-delà de l'anecdote, c'est le reflet dans le miroir et l'estime de soi : je ne me suis pas senti aussi fort (car affûté) que sur mes trois premières tentatives. Pour devenir Sub11, j'aurais dû pousser davantage mon corps dans ses retranchements lors de certains entraînements et véritables Big Training Days ; mettant le corps au supplice, comme l'estomac. Pour devenir Sub 11, je devais approfondir ma préparation mentale ; dépasser l'outillage classique et m'attaquer à mes freins les plus profonds. Pour devenir Sub 11, il fallait donc déjà "faire" ! Mais, je n'y étais pas prêt en 2022. D'où ce hiatus. Dont acte. C'est un apprentissage, donc de la satisfaction ; même si elle est récente.


C'est étrange et réjouissant. C'est en m'interrogeant sur mon objectif de 2023, que j'ai reformulé cette question "que me faut-il pour devenir  ...?". Plus précisément, pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut déjà quoi ?"



La suite dans le prochain billet.


I'm back



IronLoulou



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* On la retrouve dans ce billet philosophique : https://ironhead-ed.blogspot.com/2020/08/velosophie.html