mercredi 6 mars 2024

BRM Gravel sur les pas de Rabiolot - Brevets validés

 


Nous avions coché l'événement depuis longtemps sur nos agendas respectifs. Après l'accomplissement de la Gravel Of Legend (GOLD), nous avions envie de réaliser une épreuve de bout en bout, tous les quatre. Fred nous avait vendu les 200 kilomètres sur les Pas de Raboliot, comme conviviaux et techniquement peu engagés. C'est ma première expérience sur une homologation BRM : Brevet Randonneur Mondial. C'est une habitude pour les anciens, que l'on croise avec des sacoches aussi vieilles que leurs biclous ; et le sourire d'une éternelle jeunesse. Cela sera un sésame indispensable pour me qualifier pour Paris-Brest-Paris 2027, comme me l'expliqua passionnément un sympathique bénévole. 

Une fois, que je vous ai dit ça, je ne vous ai rien dit : ils étaient tous sympas ! Fred, alias Quenotte, avait déjà raison sur ce point. Brevet de la super orga validé !

Le samedi fut consacré à la visite pluvieuse du centre d'Orléans. Cette ville a encensé Jeanne d'Arc. Cela m'amuse, car nous vivons près de celle qui l'a brulée : Rouen. C'est également là, que mon père est né et ma tante, incinérée. Mon grand-père, cheminot, travaillait à la gare de Fleury les Aubrais, jouxtant le départ de l'épreuve.  Je fais le tri dans mes souvenirs et mes émotions. C'est un exercice que je réussis de mieux en mieux. Cette fois à l'aide d'une galette à l'andouille de Gueméné, dégustée le midi : il était breton. Brevet maîtrise des émotions validé.


Seb immortalise ces minutes si singulières, précédant le départ d'une grande journée vélo. Ce selfie lui laisse donner l'impression qu'il est le plus grand de nous trois : Quenotte est entre nous deux. Christophe nous toise d'une vingtaine de centimètres et devra se pencher sur chaque cliché. Si t'as mal au dos, ne dépense pas d'argent dans une nouvelle selle ou une étude posturale : on sait pourquoi !

Malgré les 700-800 participants, les premiers kilomètres se passent sans heurt, avec cette courtoisie typique de notre discipline. Je suis les indications de Quenotte, m'enjoignant à réaliser la jonction avec les pelotons qui nous précédent. Il a cette expérience réconfortante, que nous apprécions tous. Cela fait longtemps que nous l'avons intronisé leader.

Au kilomètre 33, Christophe demande une pause technique. Approchant de la cinquantaine, nous en partageons tous la nécessité ... C'est l'occasion de prendre des nouvelles de mon poulain et lui prodiguer quelques conseils. Sans oreillette et avec la vue sur la Loire, c'est quand même plus chouette. Il repart avec un "Awouhé !", encourageant dans la perspective de mon certificat de "coach amateur pour les copains mais bordel ça fait juste plaisir de partager avec eux merde à la fin quoi !"

Au premier point de contrôle Seb nous indique qu'il est dans le dur, mais qu'on peut toujours compter sur lui. "Ce qui est bien mais pas top", selon cette réplique du film des Nuls, qui marqua une de nos soirées en Cité U. Seb a du tempérament. On le sait. On l'a déjà vu, en particulier lors du Tour de Seine-Maritime. On sera vigilant sur son état, sans jamais être inquiet. En écrivant ces lignes, je m'aperçois que davantage qu'un brevet, cet acharnement est sa marque de fabrique. Pardonnez moi de spoiler dans l'enthousiasme : il aura sa médaille de finisher, après avoir bataillé toute la journée. Bravo mon Blaireau !

Les kilomètres s'accumulent avec la boue sur nos vélos. Même Herv'IGN trouverait cela gras : c'est dire ! Je pense à ses conseils : "garde du braquet pour rester en traction et garder le contrôle". La sortie aventureuse de mardi  avec Christophe B, alias "tiens, je ne suis jamais passé par là", m'a été profitable. J'y ai retrouvé des sols peu réguliers et le plaisir de rouler - parfois marcher - au milieu de nul part. C'est tellement plus simple ainsi. Aucune glissade et aucune pression ; brevetant le slogan, que je me suis conçu cette nuit : "force et sérénité".

A l'inverse de nos montures et vêtements, nos gourdes sont à sec.  A Vernon-en-Sologne, nous sommes à la recherche d'un cimetière, lorsque Michel nous interpelle de son jardin. Michel est un sympathique ancien. Il invite les cyclistes à remplir leurs bidons chez lui. Il en profite pour évoquer son glorieux passé et présenter ses vélos ainsi qu'un autographe de Poupou. Un divertissement rappelant, à sa manière, cette halte lors de la GOLD. Jérôme : ce qui s'est passé dans le salon de coiffure, restera dans le salon ... Michel : en mon nom et celui de mes acolytes, je te décerne le diplôme du solognais le plus accueillant.



Chambord marque le retour vers Orléans. Mon poulain est parfaitement calé dans les roues. Le coup de pédale est fluide ; la posture, assurée ; signes d'un entrainement et d'une course aboutis. Les vannes fusent autant que nos pneus, lissés par cette accumulation de terre meuble. C'est le moment de mettre la main à la poche ! Car l'euphorie précède généralement l'hypoglycémie. Et cela ne manque pas. Mes compagnons sont dans le dur. Je les protège du vent et mène l'allure. Copain-rouler-machine. Copain-rouler-machine. Ce slogan, breveté de la GOLD, fonctionne aussi lorsqu'on est devant. Je suis vraiment bien. Trop bien. "Relève toi et remonte de deux dents". Quenotte exerce son rôle et me rappelle le mien : veiller sur les copains et les conduire jusqu'à bon port, sans les faire exploser. C'est que la qualification de meneur d'allure ne se décerne pas à n'importe qui, Vincent !

L'arrivée à Orléans permettra à chacun de profiter de ces moments personnels et savoureux d'introspection. Elle valide ma préparation foncière. Nous venons de réaliser un exercice difficile : commencer et terminer ensemble une épreuves avec des niveaux physiques différents, malgré tout ces bourbiers ; ne permettant pas de bénéficier de la protection du groupe. Nous venons de réaliser un BRM bien sympathique par ses paysages et la qualité de l'orga, toujours souriante. 

Tandis que nous nous restaurons, j'aperçois Richard DELAUME. Une personnalité très connue dans le milieu : influenceur, podcasteur et rédacteur du magazine Planète Gravel. Je vois surtout un mec sincère, qui parle d'autre chose que de vélo avec mon pote Fred. Leur franche accolade le confirmera.

Il y a bien un point d'amélioration sur cette belle journée : le voici. Nous sommes dimanche. Il est tard et nous bossons tous le lendemain. Nous ne débrieferons donc pas ensemble lors d'un chaleureux dîner ; qui n'est que partie remise. Il nous était arrivé pareille aventure à l'issue de l'Emeraude Tri Race avec David et les Pape. Je ne les avais pas encore cités ; cela vous aura probablement étonné.

Reste alors, pour conclure et rester dans le thème du brevet, cette mention souvent renouvelée ; jamais égalée :



IronLoulou