vendredi 23 décembre 2022

Tough Times Don't Last

 




"Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut retrouver un compagnon pour ce défi" m'enthousiasmais-je récemment.

C'était sans compter d'autres compères qui se joindront à la fête ; et dont je ne manquerai pas de parler prochainement.

C'était sans compter un autre élément indispensable : une musique inspirante !


Though Times Don't Last : une évidence. Cette chanson traitant de l'adversité, à laquelle je ferai face, et qui laissera pourtant place à des moments d'euphorie ; particulièrement lorsque je franchirai cette nouvelle finish Line.

Though Times Don't Last : une évidence. Et pourtant, je n'avais pas cité ce titre en évoquant le premier album éponyme de BAD ENGLISH, dans un ancien billet


Je vous le livre. Vous pourrez, comme mes plus fidèles lecteurs en ont pris l'habitude, vous le passer en lisant les lignes qui suivront.




Alors oui. Je dois l'avouer. Bad English était la caricature type du "Hard FM", désignant ces groupes éphémères, surfant sur une vague chevelue des 80'. Il y en a eu des tas. Et j'en ai apprécié quelques uns. Non, ce n'était certainement pas du gros hard qui bastonne les tympans. Oui, c'était probablement très opportuniste.

- Bon les mecs. Y a un truc et du pognon à se faire. Faut juste un batteur qui joue avec des olives inférieures à 5B, deux gratteux, un clavier et un chanteur, qu'a l'air du gonzesse pour les amadouer aussi. C'est là qu'on est bon. C'est qu'on a les mecs et les filles qu'achètent.

[L'olive est l'extrémité de la baguette, avec laquelle on frappe les tomes et les cymbales. De sa forme et de sa taille dépendent le son produit. Naturellement, un hardos n'utilise pas les mêmes qu'un jazzeux. Ne me remerciez pas pour cette définition, qui vous permettra de briller en soirée. C'est que j'aime bien me la raconter (aussi) !]


- Comme tous les sponsors habituels ne voulaient pas financer, j'ai quand même trouvé un syndicat de coiffeurs. Alors faites moi plaisir, vous me foutez tous ces produits pour permanenter les cheveux. Avec un peu de chance, ça créera une mode. 

[Au regard de la photo du groupe, on notera que son batteur - Deen Castronovo - a donné de sa personne]


- Question budget on est un peu court. Alors, j'ai récupéré les falzars de mon petit frère. Mettez les. Ca vous moulera peut-être les burnes. Mais, avec un peu de chance, ça créera une mode.

[C'est ma seule explication, concernant ce concept de pantalon]


- Pour les textes aussi faut plaire aux filles. Alors, tant pis si c'est niais. "Après la pluie, vient le soleil ?" : pourquoi pas. Mais dans un couplet. Le refrain doit claquer plus, genre "Though Times Don't Last" et tu colles des who-hoo à la fin. Tout le monde trouvera ça beau. Et t'inquiète pour l'exportation, la plupart des ados boutonneux français ne comprendront pas les paroles !

[Effectivement, je ne peux pas contredire ce point....]


- C'est pour la radio et les charts. Alors, surtout, surtout, pas plus de 3 minutes 30 le morceau. T'as l'habitude, hein ?

[When I See Your Smile pris pourtant la tête des charts en 1989 ... en 4'15]



Bref, j'assume apprécier ces morceaux, comme l'envie de rire quand l'occasion m'en est donnée. Cela étant, d'autres ont bien mieux caricaturé ce phénomène que moi !


Though Times Don't Last. Des moments difficiles, il y en aura donc. L'essentiel est qu'ils ne durent pas trop. C'est pour cela que j'aurai besoin de cette chanson.

S'agissant de trucs qui durent, il y aura toujours la musique, comme l'envie de partager, chez moi.


IronLoulou

mercredi 30 novembre 2022

Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut ...

(puisque je vous l'avais teasé dans mon dernier billet)


Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut retrouver un compagnon pour ce défi.

Clairement, je suis un hyper-affectif. Se faire mal seul sur une épreuve longue distance, je sais faire ... à peu près. Mais avant, j'ai besoin d'un mec pour m'aider à me motiver, réaliser ces trainings days fondateurs et échanger mes "impréhensions". Dans le rôle du sparing partner, et pour la rime, un cinquantenaire : Christophe. Même niveau en gravel (noobs, comme écrivent les gamers !), même philosophie vélocipédique (la coolatitude) et même envie d'en découdre avec un défi personnel.


Les premiers tours de roues et échanges sont prometteurs. Nos femmes s'entendent super bien. D'ailleurs, ce sont elles - collègues de boulot - qui ont fait les présentations. Cela devrait faciliter quelques aspects logistiques. Mais pourquoi ne pas nous être rencontrés avant ? Un signe ?



Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut une programmation aux petits oignons.

Pas d'inquiétude à ce niveau là. Tout est déjà planifié. Je suis le roi de la théorie. Pour le reste, il faut bien avouer que je peine à incarner autre chose que mes ongles. Il est temps que ça change !


Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut déjà réussir à s'inscrire sur une épreuve !

Cela peut sembler évident, mais la tâche semble aussi ardue, que l'épreuve est réputée. Les retours les principaux "influenceurs du Gravel", sur l'ultradistance du Festival Nature is Bike, ont été dithyrambiques. L'histoire du parcours, son tracé abordable, et - surtout - la convivialité ont été salués. Mais les inscriptions sont limitées à 400. Il ne va pas falloir avoir de problèmes de connexion à l'ouverture des inscriptions le 1er décembre !

Autre avis enthousiaste sur l'épreuve, celui de Seb. Avec lui et David, on a partagé pas mal de truc en Cité U. Après s'être perdus de vue pendant quinze ans, on vient de se retrouver. Un signe ?


Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il va falloir chasser la déception du DNF et les démons qu'il a causés ... ou qui l'ont provoqué.

Tout est cela est d'une récursivité aussi forte que l'enjeu, passionnant : la connaissance et la progression de soi.

Je l'ai probablement trop sous-entendu. Alors, je le précise : ce résultat était écrit avant départ.

Je le scande régulièrement au boulot : "si on fait comme d'habitude, on aura les même résultats que de d'habitude". Il va falloir que je change un ou deux trucs, particulièrement dans mon approche mentale de la course.

Du coup - De base - En vrai - J'avoue (rayez la mention de jeunes inutile ou gardez les quatre, comme eux !) : c'est engageant.


Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il va donc falloir reprendre le chemin et remonter ce foutu rocher.

J'aime cela autant que j'en ai besoin.


IronLoulou











mardi 27 septembre 2022

Pour devenir un homme de fer, il faut déjà l’être

 



« Vous avez deux heures !», selon l’injonction estudiantine.

 

J’en avais onze, selon ma prétention sportive (...).

  

 

Le temps et les pensées se sont écoulés au rythme de la Meuse ; bien plus digestes, je vous rassure. Bien plus de réflexions que de déception. Par essence, comment être déçu de ce que l’on n’a pas suffisamment désiré ? L’essence, justement, et cette fameuse citation de Sartre (en illustration) : « l’existence précède l’essence* ».


Pour préciser mon propos, comprenez mon titre à l'inverse de l'endroit où votre instinct vous dirigerez. Le devenir est l'essence. L'être, l'existence qui le précède. Homme de fer n'étant que le slogan. Avouez quand même qu'il claque bien ce titre, non ?


Car, bien au-delà des breloques, ce que je recherche profondément au travers de la discipline sportive, c'est de devenir un homme et un père meilleur. Discipline étant tant à apprécier dans sa dimension étymologique (l'apprentissage), que médiatique (la rigueur).


Je crois que je l'ai oublié un temps, dans ma préparation. Je suis certain d'être tombé dans cet écueil, que j'arbore souvent : confondre la fin et les moyens. "L'Ironman ne se limite pas à des chiffres. C'est une guidance. L'engagement doit être quotidien et ne se limite pas à une quinzaine d'heure de training par semaine." exprimais-je dans mon dernier récit.


Cela va plus loin dans l'absurdité. Celle d'un mec qui ne boit pas une goutte d'alcool, mais qui ne réalise pas le même effort avec les carrés de chocolat. Si c'était à refaire (et le je fais présentement !), je profiterais du whisky et du bon vin, avec mon copain modération, qui m'accompagnerait aussi sur le sucré. Résultat : j'ai pris le départ de l'Ironman, vraiment pas aussi affûté, que ce que j'aurais dû. Heureusement, mes exercices de préparation physique ont porté leurs fruits : préserver ma santé et mon intégrité physique. Je n'ai pas été blessé ailleurs que dans ma fierté.


Maastricht n'est ni un échec, ni une déception ; mais un terrible hiatus. Cet écart entre la visée de performer et les moyens à mettre en place pour y parvenir. Non. Je n'ai pas incarné cet objectif. Etre finisher est une chose ; performeur en est une autre.


Cette petite voix dans ma tête. Cette répétition d'une histoire si commune : la mienne, comme celle de nombreux sportifs en découlant avec des activités chronométrées.

- Première épreuve : finisher avec le sourire, sans pression (sauf à l'arrivée). Il semble que le corps et l'esprit se soient préservés car ...

- Deuxième tentative : libéré, on envoie plus et ça fonctionne

- Troisième : on devient confiant et on se met la pression d'un performeur (au lieu de la boire, donc !). Difficile de transformer l'essai de comprendre qu'une compétition ne fait pas l'autre, surtout avec les aléas inhérents à nos disciplines longues et en extérieur

- Quatrième : bis repetita


Toute ressemblance avec des faits ou des personnes ayant existé ne serait pas fortuite.


Transformer, le "j'y arrive pas" en "faut que je change un truc". Mais quoi ?


Comprendre ce que signifie l'objectif qu'on s'est assigné et mettre les moyens en adéquation : être finisher est une chose ; performeur en est une autre. Mais lesquels ?


Nonobstant pas mal de points positifs dans ma prépa, pour devenir Sub11, il aurait fallu que j'atteigne un poids de forme me permettant de courir plus vite .... et d'enfiler ma combinaison plus facilement ! Au-delà de l'anecdote, c'est le reflet dans le miroir et l'estime de soi : je ne me suis pas senti aussi fort (car affûté) que sur mes trois premières tentatives. Pour devenir Sub11, j'aurais dû pousser davantage mon corps dans ses retranchements lors de certains entraînements et véritables Big Training Days ; mettant le corps au supplice, comme l'estomac. Pour devenir Sub 11, je devais approfondir ma préparation mentale ; dépasser l'outillage classique et m'attaquer à mes freins les plus profonds. Pour devenir Sub 11, il fallait donc déjà "faire" ! Mais, je n'y étais pas prêt en 2022. D'où ce hiatus. Dont acte. C'est un apprentissage, donc de la satisfaction ; même si elle est récente.


C'est étrange et réjouissant. C'est en m'interrogeant sur mon objectif de 2023, que j'ai reformulé cette question "que me faut-il pour devenir  ...?". Plus précisément, pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut déjà quoi ?"



La suite dans le prochain billet.


I'm back



IronLoulou



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* On la retrouve dans ce billet philosophique : https://ironhead-ed.blogspot.com/2020/08/velosophie.html

 

 

 

 


samedi 13 août 2022

Burn ; bore ; born

N'ayez crainte ! Ce billet ne traitera pas de verbes irréguliers ; mon anglais étant plus "fuyantly", que "fluently". Simplement, ces verbes anglophones permettent de réaliser un triptyque de triathlète et un titre qui claque autant que ma décision.



Pour la première fois, l'introduction ne dépassera pas une centaine de ligne. Pour la première fois, j'ai abandonné : la tête et les jambes ne voulaient plus. 


"J'comprends pas. C'est pas la première fois que ça m'arrive.


Réplique culte à 1:30 de ce sketch (en lien ci-dessus) de Claudia Tabgo, qu'on a découvert avec mes Chéries. Et j'en ai vraiment eu besoin : d'Elles. Plus que de la réplique humoristique, atténuant une amertume, que j'espère passagère.




Elles ont été géniales de bout en bout. Dès le retour du Gelreman, en me demandant sur quelle course on repartirait, pour passer un super moment ensemble. Fred (BipBip) avait raison de m'inviter à les associer à mon projet d'Ironman dès le premier, à Vichy. Elles ont été super conciliantes durant la préparation et l'austérité relative, qui en résulte. Encore plus sur ces derniers jours. Elles acceptent de suivre mon pas pressé (d'aller chercher le dossard) le vendredi et me laisseront vaquer à mes préparations le samedi ; en profitant pour visiter Maastricht. Ah, oui : c'est effectivement à Maastricht, que je vécus mon Waterloo(se). Quel ingrat ! Elles qui étaient à mes petits soins encore la veille. Victoire préparait tous mes repas, tandis que Solène réalisait un soin de visage avant de me coucher. Dans ses messages d'avant-course, Fred inclut toujours la notion de "peintures sur le visage". Celles-ci, à base de crème hydratante, préparent probablement plus à la relaxation qu'à la guerre du lendemain. Mais quel pied !


Petit coup d'œil au téléphone avant de m'endormir, car je me languis d'elle. Elle qui se fait désirée et que vous attendez tous :  la traditionnelle photo des Pape !

Ils ont même ajouté un clin d'œil géographique. Saurez vous le trouver ? Il faut avouer qu'il est capilotracté et que Xavier a probablement donné de sa personne pour le concevoir (...).


De son côté, David s'y met avec enthousiasme, Lila et Anne, qu'il vient d'épouser. Encore tous mes vœux mon Copain ! Pour la petite histoire, on avait prévu de courir cet Ironman ensemble, en 2019, avant d'apprendre qu'il était annulé. Vous qui me suivez et connaissez l'importance de mes Ironfriends, vous devinerez qu'il aurait ainsi été le second d'entre eux. Mais, pour la grande Histoire, on n'a jamais eu besoin d'une finishline pour être fortement liés. Cela étant, pourquoi se priver de ce plaisir ?

Voilà donc de quoi passer une belle nuit. Si ce n'est que les hollandais ont le sens de la fête et du rythme ; de la liberté de faire de bruit .... Si ce n'est, qu'en tous les cas, on dort peu la veille de course. Je cumule donc boules quies et "take it easy®" pour y parvenir.


Réveil à 4h30. Puis s'engage la routine d'avant-course, que j'aborde de plus en plus sereinement. Blédine, popo et go ! La taille du parc à vélo et le speaker ne m'impressionnent plus. Tout juste ai-je une pensée pour quelqu'un qui se reconnaîtra, au passage de Eyes of Tiger. J'humidifie mes lunettes dans la bassine d'eau à disposition, pour y chasser de la buée, qui revient. Deuxième passage donc et je me lance. L'envie d'en découdre surpasse celle de sécuriser, en observant si elle resteront nettes. 

Plouf ! 

"On verra bien !". 

Bah non !

Côté visibilité, la Meuse n'a rien à envier à la Seine. Côté gustatif, pas certain non plus qu'on en extrait une eau de source aussi goûtue que la Seinoise !

Cela étant, Vincent et Coco ont subi une sacrée intoxication, suite à l'épreuve. Je profite de ces lignes pour saluer mes compagnons de Mont-Saint-Aignan Triathlon. Des athlètes toujours aussi sympas que performants. Coco et Bobo : content de vous avoir rencontrés sur cet Ironman. Isa, Olivier et Vincent : heureux de vous y avoir retrouvés.

Est-ce que cela m'inquiète ? Pas le moins du monde. J'ai un estomac à toute épreuve, vu ce que ma mère nous servait pour dîner ! Olivier (un autre ; celui de mon adolescence) pourrait en attester. Plaisanterie mise à part, je n'avais - logiquement - pas encore cette info et je n'ai pris qu'une gorgée de ce breuvage. Pour l'heure, je me concentre sur ma navigation. Trouver la meilleure trajectoire et jouer au mieux avec le courant. J'évite ainsi la meute, ou plutôt le banc de triathlètes. Même stratégie qu'à Copenhague donc. Le temps d'1h23 indique qu'elle n'aura pas eu autant de succès ou que je n'ai pas aussi bien nagé. Peu importe : depuis ma course danoise, nager rime avec plaisir et sérénité. A aucun moment, je n'ai douté de mes choix. A aucun moment, je n'ai paniqué. A tout moment j'ai pris plaisir, comme m'y invitait bon nombre d'entre vous. J'avais également noter en rouge "Maturité", sur ma feuille de route. A défaut de me permettre de réaliser des prouesses, elle me permet de me souvenir de mon état d'esprit du moment et du plaisir (encore !), que j'ai à construire et formaliser mes pensées. Si l'on peut douter de son efficacité en matière de préparation mentale du sportif, son effet sur mon épanouissement est indéniable ! La voici :

La natation est passée. Je chasse rapidement la pensée du "tout ça pour ça", comprenant les efforts et les séances de natation, que j'ai multipliés cette année :  "Focus" ! Je m'engage dans la seconde discipline de cette épreuve : la transition ! 700 mètres, me séparent en effet du début du parcours vélo. Mais, c'est désormais un exercice que je maîtrise : "Focus" !


Désormais, l'objectif est de gérer se parcours exigeant. Ne pas se mettre dans le rouge, en pensant au marathon à venir et à l'expérience douloureuse du Gelreman. La boucle n'est pas sans rappeler ce qu'on trouve sur le 70.3 des Sables d'Olonne : des toboggans et des pétards assez courts ; des zigs et des zags en ville. Des portions "gravel" et des descentes dangereuses, parfois. Des virages serrés et un public sympa ; toujours. Passés les premiers kilomètres, je trouve mon rythme et m'efforce de faire une course de gestion. Le cardio et le graphique ci-dessous le confirment : gris, la fréquence cardiaque ; vert le dénivelé. Là, où je suis surpris, c'est la pauvreté des ravitos. Peu de ripaille sur les premiers tours. Presque plus rien, sur le dernier. Surtout, les gels qu'on recommande, à ce moment, en prévision du marathon. Ce, tant pour l'apport glucidique, que pour la consistance, qui épargnera l'estomac. Je chasse la pensée m'interrogeant sur le préjudice potentiel futur.


Point positif, sans être surprenant : comme en natation, je n'ai éprouvé aucune lassitude. Que de la sérénité. Les sorties longues y sont pour beaucoup ; particulièrement mon premier "200", accompagné de qui vous devinez. La vallée de la Durdent, également chère à BipBip, avant les plages de Veulettes et Fécamp. Puis, retour en solo à partir de Bolbec. Le plein de souvenirs et de confiance : merci mon Ironfriend.

En relisant cet article fondateur de 2017, j'observe quelques pensées prémonitoires. Au-delà de la perspective 2019 avec David, j'y lis Copenhague dans un commentaire de BipBip. Cela me fait sourire : on l'a fait ensemble !


T2 propre, dans tous les sens du terme, puisque je profite de l'installation pour prendre quelques minutes pour vider ma vessie pour la 2ème fois de la journée .... seulement. Mes compagnons de sortie doivent être surpris. Je devrais être inquiet. Mais je chasse cette pensée.


En route pour le marathon. Il est divisé en 2. La première longe la Meuse et un lotissement, dans une relative solitude. La deuxième est caractéristique des pays nordiques. J'y prends un plaisir non dissimulé, en croisant les citadins, attablés pour nous encourager, en centre-ville. Ils sont vraiment top. Quant à "elles", mon Guytou, tu n'aurais pas été déçu. Quand tu cours, en France, tu serres les fesses, de peur qu'un riverain ne te percutes en allant chercher le pain ou prendre l'apéro. Ici, tu lèves les bras pour une hola ! Pas besoin d'être "fluently". Les sourires et les rires s'échangent à souhait. Je suis navré de prendre cet angle social, plutôt que géographique. Je ne peux pas m'en empêcher. Ma pratique du triathlon est - pardonnez cette évidence - tout sauf individuelle.

Làs ! Le marathon est un monstre. Et l'alimentation, bien plus déterminante que la VMA, pour en venir à bout. A peine 2 gels absorbés sur les deux premières heures. Est-ce l'eau du fleuve, ou celle que je reçois lorsque je m'asperge (trop) abondamment lorsqu'un habitant me propose une douche ? Je ne peux plus rien avaler. A peine de l'eau et du coca. Pas suffisant pour courir comme je l'entendais, dès le 15ème kilomètre. Plus suffisant pour courir tout court, à partir du 20ème. Je comprends mieux ce que signifiaient les "good luck", que se lancent les triathlètes avant le départ. Oui : j'ai suffisamment de vocabulaire anglais, pour connaître la traduction de "luck". Mais je sais maintenant, à mon corps défendant - ou plutôt fatigué - ce que cela signifie. Certains disent que, comme dans un jeu, on n'a que trois "chances" sur Ironman. C'est cruellement vrai. Je suis complétement cuit. Burned !


A l'amorce du 3ème tour, avant la partie délicate ; je m'arrête pour faire le point. Ma malléole gauche est enflée. Signe de mauvaise circulation sanguine. Explication de mes jambes lourdes. Je l'ai montrée à Xavier, de retour mercredi soir. Je crois qu'il a fait une tête similaire à celle que j'ai faite à Copenhague, en observant le pansement purulant de BipBip. Sauf que lui. C'est un guerrier. Non seulement, il a fini. Mais en plus, il a réalisé son meilleur temps, s'approchant des 10h. J'avais titré un paragraphe "Mon Fred, ce héros". Je ne croyais pas si bien écrire ! Je n'arrive pas à repartir. Quelle déception : j'avais promis à Victoire que je marcherai pas.


Olivier arrive à ma hauteur. Je me souviens bien d'une de nos premières rencontres, lors de ces sorties de MSA Tri, où je m'invitais volontiers. Je profitais des conseils d'Arnaud ; lorsqu'il me le présenta. Il avait d'achevé son premier Ironman, six mois avant.

- Alors ?

Alors, j'ai vu des étoiles qui brillaient encore dans ces yeux. Je me suis promis d'avoir les mêmes à Vichy. J'en frissonne encore. Pour l'heure, mes yeux sont à l'image de mes jambes : vides.

Il terminera en marche rapide, victime d'une tendinite. Je ne parviens même pas à le suivre. Je me souviens précisément de deux phrases de notre bref et sympathique échange.

- Si tu n'es pas à 100% avant, c'est terrible
- N'abandonne pas ; sinon, tu le regretteras.

Merci : tu représentes bien ton club et sa convivialité ! Cela étant, c'est une certitude : je serai bien moins déçu de mettre le clignotant ; que le suis, maintenant, en passant - pour la deuxième fois consécutive - au travers de ma course. 


Au ravitaillement suivant, j'engloutis un verre de coca, qui confirme mon intuition. Je vomis. J'arrive à en plaisanter avec les bénévoles. Tant que je ris, c'est que je vis. Irene vient de me doubler sur la bosse du parcours. Je la rejoins en courant. Irene ? C'est l'animatrice du groupe FB, dédié à la préparation de la course. Elle nous donnait régulièrement des infos sur le parcours vélo, la température de l'eau, etc. Toutes ces données importantes pour réussir sa course. Une gentillesse, tranchant avec l'esprit consumériste de bien d'autres triathlètes. Des mecs, qui posent des questions, dont les réponses se trouvent rapidement dans le guide envoyé par l'orga ou 2 posts avant ! Je me présente donc à elle en la remerciant pour ce qu'elle a fait. Je lui explique, dans mon anglais très approximatif, que je ne sais pas ce que je vais dire à mes Chéries, lorsque je le retrouverai dans le parc. Comment leur dire ; à Elles qui partagent cette aventure de fer depuis 5 ans, que je suis sur le point de lâcher ? Je ne sais pas ce qu'elle me répond alors, mais je m'éloigne car je me sens mieux .... et que ça redescend. Dès qu'elle apprendra que j'ai abandonné, Irena me demandera des nouvelles par notre réseau sociale. Une gentillesse appréciable. Une dernière fois : merci Irene


Me voici dans le parc ; face à mes Chéries et une décision. L'Ironman est une aventure familiale ; mais, cette fois, c'est un moment difficile. La partie "pour le pire", d'un engagement, que j'ai pris auprès de Vanessa, il y a bientôt vingt ans. Ce que je vis à ce moment prouve que l'amour est inconditionnel

- C'est pas ton chrono et une médaille qui te caractérisent. C'est que tu es mon papa courageux !

Cette force dans les mots de Solène. Dans le regard de Victoire et cette fierté, qu'elle a toujours eu à mon égard. Je ne sais pas si je serai un homme de fer aujourd'hui, mais j'aurai toujours un cœur d'artichaud. Solène. Victoire. Ce ne sont pas des remerciements, qu'il faut que je vous livre aujourd'hui : mais, un gros message d'amour.
envoyé à Irene, le mercredi, sur FB

On décide de tenter de repartir, mais de ne pas me mettre en danger.

"J'embarque mes chéries avec moi. Il y a des limites à ne pas dépasser, comme terminer en titubant à la nuit [en zombie] ou sur une civière, comme on l'a vécu avec un très bon copain, sur mon 1er". Voilà ce que j'écrirai le lendemain à Nathalie qui, comme beaucoup d'entre vous me demandait des nouvelles. Je me dois de vous l'écrire maintenant : vous lire et vous répondre m'aide fortement. 

Rédiger pour digérer.

En les perdant de vue, je perds du jus ; que je retrouve dans le centre en faisant le show. Après l'ocytocine, l'adrénaline ! 


Làs (encore). J'arrive au début de cette interminable partie de course insipide. Non, je n'aurai pas la force mentale de continuer (et) de me traîner. Non, tout cela n'a plus de sens. Cela fait près de 12 heures que je cours : ma marque sur Ironman. Ce chrono qui reflète mon niveau. Moins si ça se passe bien comme à Copenhague. Plus, si j'ai coincé à un moment comme à Arhnem. Or, il me reste une dizaine de kilomètres ; plus 1h30 si j'arrive à alterner marche et course. Plus de 13h30 ?!? Bien plus que ce que j'ai réalisé pour mon 1èr, à Vichy ? Une honte ! A quoi, bon ? Ca n'a aucun sens. Je vis une sorte de Bore-Out sportif


Usé. Usé par cette course et tout ce qui l'a précédée. Je le pressentais et vous le partageais dans mes dernières publications. Moins de billets et moins d'enthousiasme. J'ai réalisé mes entraînements avec rigueur, mais le frisson manquait trop souvent. Ma tranquillité à l'approche de la course ne reflétait pas uniquement de la sérénité. J'étais un artiste sans le trac comme la mer sans les vagues (...). L'Ironman ne se limite pas à des chiffres. C'est une guidance. L'engagement doit être quotidien et ne se limite pas à une quinzaine d'heure de training par semaine. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" ; écrivait François RABELAIS. 

Je me le répète : je serai bien moins déçu de mettre le clignotant ; que le suis, maintenant, en passant - pour la deuxième fois consécutive - au travers de ma course. 

Il y a des choses que j'aurai pu mieux faire et ces impondérables, liés au long. Mes Chéries : j'ai été au maximum de mes possibilités physiques et psychologiques du jour. "Jusqu'au bout avec Plaisir !", haranguait l'affiche des Pape. Oui. Je l'ai fait. C'est juste qu'aujourd'hui, le bout était avant la finish line

Ma décision est prise. Je suis OK.


Je bifurque donc vers l'arrivée où les filles doivent me rejoindre. Aucune larme. Je suis OK. De l'amertume, certes. Mais contre moi-même. Pas contre cette discipline qui a vu naître IronLoulou : Born.

Du plaisir, des amitiés. Au dessus de cela (c'est dire !) un formidable épanouissement personnel et paternel. Bien plus de choses qui me nourrissent que les intuitions limitantes disséminées dans mes derniers billets ; derrière tout le reste. Tout le blog et ce que la Long m'ont apporté.

Comme je vous l'indiquais, nos échanges m'ont fait du bien et m'accompagnent encore. Impossible ici de vous résumer les longues conversations que j'ai eues avec BipBip, David, Quenotte et tous vos mots, apaisant mes maux. Mais, dès 21h, le SMS de ce dernier résumait bien des choses :
"
La boucle est bouclée .... forcément y aura des regrets. L'essentiel n'est plus dans la performance mais dans ce que vous partagez tous les 4 depuis de nombreuses année.
"

La puissance du mollet et la force des mots, Ironfriend !

Oui, je vais partir sur autre chose en 2023. D'autres moyens de m'épanouir, que l'Ironman ; nécessitant une exigence de tous les instants. Sincèrement, cela m'a fait du bien de profiter, dès le retour de Maastricht, d'une soirée chez Olivier. Sans regarder la montre, ou ce que je bois. Idem, chez Christophe, dont je vous reparlerai certainement, en même temps que mes perspectives.

Car ma croissance personnelle ne s'arrête pas avec l'Ironman. D'autres choses sont à découvrir avec pour guidance, le dépassement, le plaisir, les copains et mes chéries.

Allez, avant de vous quitter et après la citation philosophique, le morceau. Sans cela, je ne serai pas fidèle à ce blog !


Always with me, Always with de l'indispensable Satriani


I'll be back !
(pour paraphraser Vincent et Terminator)







lundi 27 juin 2022

Back on my Trail


Il y a trois moments, durant lesquels on passe littéralement pour des extraterrestres ; pour ne pas écrire des fous. Quand on s'inscrit, puis quand on réalise un Ironman® . Entre les deux, un mois particulièrement chargé en entraînement.


Entre les deux, la véritable difficulté de l'Ironman® . Annoncer, tout guilleret, qu'on s'inscrit n'est jamais le plus difficile ; même si je garde une certaine nostalgie de ma première inscription. Terminer, une certitude, comme je me le remémorais dans mon avant-dernier billet.


Mais, durant cette période, "Personne ne vous donnera de médaille pour aller courir tous les midi. Personne ne vous encouragera pour aller rouler tous les dimanches. Personne ne vous félicitera pour repousser vos limites". Dixit le Youbeur IronUman, dans une vidéo de motivation.


Difficile de partager ses moments d'euphorie et de doute. "L'aventure ensemble ; le défi face à soi-même", comme le résume un mec qui mériterait aussi des followers : Quenotte. Chaque séance semble aussi importante que la précédente. On s'approche parfois du volume des triathlètes professionnels .... à 50% près. On dépasse toujours celui des footballeurs. Au-delà des statistiques contestables - pardon pour le pléonasme - un moment de vérité.


Tu parviens à jongler entre la vie pro et perso. Des déplacements, Parcours'Sup et le brevet. Mes filles. Rien n'est plus important.


J'ai démarré fort ce mois. David, puis Christophe me permettaient de borner avec enthousiasme, sous la canicule. Les séances passaient bien. La glisse et le rythme de course revenaient. Je passe une matinée  débout, sur un port, à manipuler des filets pour le boulot, sans la moindre gêne au dos. C'était beau. Trop beau. Mercredi, j'arrive à me défaire du canapé pour aller rouler. Mais les jambes ne sont pas là. Bloqué dans la côte d'Hénouville, avec un cardio ne dépassant pas les 60% de puls. Je mets le clignotant ; espérant que les sensations reviendront le lendemain. Rien. Craignant d'avoir choppé un truc et redoutant que cela s'empire dans l'atmosphère chlorée de la piscine, je fais l'impasse sur la séance de natation du jeudi. Je la remplace par un exercice de transition très léger. Je reste lucide. M'efforce d'écouter mon corps et de rationnaliser. Ne pas s'arrêter. S'adapter. Rester en mouvement avec des exercices de mobilité. Tourner les jambes sur le vélo d'appart', face à une vidéo ; plutôt que dehors, face à ses doutes. Enchaîner à pieds 15-30 mn. Ecouter mon corps et rationnaliser. Ne pas s'arrêter. S'adapter.


Vendredi, c'est off. Dans 2 jours, je m'aligne sur un trail de 24 km. J'avais envie de remettre un dossard et me replonger dans l'ambiance de la course. Alors, je fais comme si elle avait lieu. Et à l'approche d'une compétition, l'évangile selon Sainte Véhéma est formel : J-2, c'est off. Samedi 1h de vélo d'appart et 15mn de course à pieds. Souple. 11 km/h. Ouf. Ca a l'air d'aller mieux.


Dans la théorie, j'avais pourtant prévu de réaliser tout cela et arriver avec un grosse préfatigue : 5h de vélo la veille. Mais je suis lucide. M'efforce d'écouter mon corps et de rationnaliser. Ne pas s'arrêter. S'adapter. "Mon corps me dira merci", comme dirait Nassim dans les Petits Mouchoirs.

Dimanche matin, je me réveille assez naturellement à 7h. Cela me fait le plus grand bien après tous ces week-end, durant lesquels mon réveil sonnait plus tôt qu'en semaine. Démarre alors, la grande répétition : j'ai beau être assez féru de BTD (Big Training Day), rien ne remplace un dossard #328.

Petit déjeuner à base de Blédine. Caca de la peur. Trajet en voiture. Arrivée sur site très en avance. Parmi les premiers ; donc place de parking et retrait du dossard express. Reste 1h10 avant le départ de la course. Le temps et le plaisir de me mettre dans ma bulle. Préparation du matos. Révision du roadbook que je me suis fait, comportant les principales difficultés et les ravitos. Introspection : "il vaut mieux savoir ce qu'on cherche avant la course, que pendant". Ca, c'est de moi ! Ici je me focaliserai sur la révision et prise de confiance quant à mes capacités en run et d'endurance.

Je suis heureux de retrouver Philippe, avant de m'échauffer. Le départ ne me permettra pas de me projeter vers l'Ironman®. D'abord - et surtout - on ne démarre pas par de la natation. Ensuite, à 70, il n'y a pas de grosse cohue. Je salue rapidement Kévin et profite des premiers hectomètres avec Bertrand. A lui, comme à d'autres, j'annonce que je ne ferai pas d'Ironman® en 2023. Je suis heureux de m'être engagé dans cette voie et d'y retourner cette année. Mais il est temps de faire une pause. Mes derniers billets, comme le coup de bambou de cette semaine le confirment. Je laisse filer Bertrand et un groupe dans la première descente ; ne voulant pas me mettre à la faute physique, comme technique : ça a sérieusement raviné. Je les garde en ligne de mire, confiant. Vu le coup de cul qui nous attend, ça va se regrouper. Et ça marche ! Pas tant la stratégie, que le mode de déplacement. De quoi trouver mon groupe et mon souffle. 


Au premier ravito, j'ai à peine entamé ma gourde. Je prends un bout de barre de céréale et un petit gobelet d'eau et en avant Guingamp ! J'ai réglé l'affichage de ma montre pour y voir apparaître le kilométrage et ma fréquence cardiaque. Tout se confirme : le roadbook, comme mes sensations. Je reste donc dans le groupe sur le plat (très relatif en trail !) et m'en dégage dans une des bosses de la portion 7-10 k, que j'avais identifiée. J'aime ça. ce retour aux sensations. Gérer ma course à l'instinct. Sentir des écarts entre la vitesse et le cardio ; à mille lieux de l'indispensable course au métronome de l'Ironman
®. Back on my trail, comme le braille la chanson éponyme en haut de cet article !

Kilomètre 12 et trompette, anticipant le ravito 2 : j'ouvre un gel, en prends une gorgée et verse le reste dans ma gourde à main. Comme je l'imaginais, la taille du bouchon permettra facilement à un bénévole de la compléter d'eau. La manipulation est rapide et aisée. Check ! Restera à me faire comprendre en néerlandais le 7 août, pour renouveler la manœuvre.

On s'engage sur une deuxième boucle. Plus personne en ligne de mire pour se motiver et s'orienter. Autant à Arnhem, je redoutais la faute de parcours et l'ai vécu 2 fois. Autant là. Rien. Je suis dans cette état de sérénité et de confiance, que m'a "offert" l'Ironman®. Nonobstant la lassitude actuelle, cette discipline m'a énormément apporté. De surcroît, connaissant l'organisateur de la course, je doute qu'il manque un morceau de rubalise ! Thierry a présidé l'asso des parents d'élèves, quand mes filles étaient en primaire. Il organisait toujours les événements de façon millimétrée. Pour ce qui est de l'ambiance, on s'en chargeait volontiers avec Eric (...). Si, je puis me permettre, cher Président : t'étais pas obligé de mettre autant de dénivelé au kilomètre, que celui que tu as eu à la Diagonale des Fous ! Oui. Ca va le faire. Et ça oblige juste à ouvrir les yeux, pour profiter de la forêt. 

Je rejoins et tracte un concurrent sympa, qui se remet à la course à pieds à l'approche de la retraite. Etrangement, la facilité de ces gars ne m'agace plus. S'il a des prédispositions, tant mieux pour lui. Je fais avec ce que Dame Nature m'a accordé. C'est une sacrée source de satisfaction. Il craque un peu au semi. Et je m'évade. Encore. J'adore ce sentiment de maîtrise de course et d'évasion. Je me suis bien alimenté. Je suis endurant. Ah, ça oui. Dame Nature n'a pas voulu me faire grand et rapide. Mais, elle m'a fait petit et endurant. Et c'est parfois une qualité ...

La fin approche, je rattrape des coureurs qui empruntent le même chemin. On déconne un peu, comme j'ai pu le faire avec tous les sympathiques bénévoles croisés. Merci à eux. Ils étaient au top. Il est vrai qu'en néerlandais, ce sera plus difficile d'être marrant. Déjà, qu'en français, c'est pas gagné. Une jeune féminine nous rattrape. Mécaniquement, le groupe accélère. Les mecs lâchent. Je reste avec celle qui, je pense, est la deuxième féminine. Bingo ! A 300 m, j'observe le T-Shirt orange de la première et de son acolyte. Je l'encourage et mène le train. On double. "Fonce maintenant". La désormais seconde la félicite, très fair-play. Je m'efforce de suivre et de profiter de la vue .... Oui, c'est beau le trail. Back on my Trail.


2h28* pour boucler les 24,4km et les 570m de D+. La place est anecdotique. 28ème sur 64 arrivés ; 10ème dans ma catégorie, survolée par Philippe. A l'arrivée, souriant, il m'indique que c'était cool. "J'aime courir" me dira-t-il, sur un ton similaire à Jean Dujardin dans OSS 117 ; avant que je ne découvre sa place sur le tableau d'affichage.

Il avait déjà cette facilité, quand on s'est connu en DUT, préparant nos brevets de plongée. Pour le coup, ça m'énervait vraiment. Je lui aurait bien coupé la tête ! Ce que je fis, en cadrant la photo de son podium. Peut-être un lapsus visuel. Un sacré moment de rigolade, en tous cas. Il est vraiment trop grand et trop sympa, mon Philou !
Photo non retouchée, prise par mes soins !



Whao. Quelle pied cette course. Ce retour aux sensations. Cette oxygénation, probablement nécessaire pour aborder les dernières semaines avant Maastricht. Quoi que j'en dise et j'en écrive, l'Ironman® me fait et me fera toujours kiffer ... jusqu'au 8 août, au moins.

Back to Ironman® now !





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* Dans la première version de ce texte, j'avais indiqué 1h28. Ce lapsus - que mes fidèles lecteurs ont rapidement repéré - confirme combien cette course est passée vite et à quel point j'y ai pris plaisir.









mardi 31 mai 2022

IronLoulou 3.0




J'ai d'abord mis cela sur le compte du contre-coup du Gelreman, puis de la digestion de sa désillusion. Loin du Sub11 visé, ce chrono effaçait celui de Copenhague et la confiance accumulée. Ensuite, sur le COVID et la fatigue engendrée. Le "mal" était là - mais, en était-ce un ? - : je ne ressens plus l'enthousiasme jouvenceau des premières prépas.


L'impatience béate a laissé place au tempo laconique de l'application illustrée ci-dessus. Les semaines et les séances s'égrainent  impassibles. Ma courbe de progression ressemble plus à une asymptote qu'à une fonction exponentielle. Les lois de la biomécanique et de la gravité sont intraitables : nous sommes condamnées à ralentir. On s'entraîne "juste" pour en atténuer les effets. 


J'ai supprimé des classiques de ma liste d'Ironsongs. Nonobstant leurs qualités musicales indéniables, ces morceaux de Toto ou de Bon Jovi ne provoquent plus le coup de booster escompté. Cet ancrage puissant de ma PNL (Programmation Neuro Linguistique) indispensable pour relancer la machine, quand il le faudra.


C'est ainsi qu'une certaine naïveté a disparu. Je "savais" l'Ironman® difficile. J'ai "connu" le mur par trois fois.


Le "flow" : ce sentiment d'euphorie quand l'adversité est au plus fort. Ce "flow", que l'on recherche plus ou moins consciemment. Le "flow" nécessite de passer par la souffrance. Celle-là même qui est inhérente à la discipline. Alors oui. J'aurai mal avant de goûter à cela. Je grimacerai avant de sourire aux anges. Il faut m'y préparer résolument.


La béatitude laisse donc place à la lucidité. La plénitude sera au bout, c'est certain.


Car si le Sisyphe, que je suis, continue de pousser son rocher. Si les sources initiales de satisfaction, ou de "bonheur dans l'accomplissement de sa tâche", s'effacent. Elles sont remplacées par d'autres. 


Sur l'alimentation : changement de régime ! Fini le "sleep low" et la préparation à courir avec les réserves épuisées. L'objectif n'est plus de savoir le faire, mais de repousser l'échéance .... en mangeant. Mon dernier training day m'a permis de tester positivement les 60g par heure à l'aide de gels : il faut se préparer à ce qui parait si indigeste au bout de l'effort.


Dans la tête, les sensations enivrantes ont remplacé la psychothérapie revendiquée. De plus en plus de glisse, en natation. Parfois même, la culbute ; juste pour le sentiment d'appartenir au groupe des nageurs. A vélo, je prends les bosses autant pour me préparer à celles qui jalonneront le parcours, que pour le plaisir de grimper et de descendre. Qui l'eut cru ! Si je reste prudent, je suis surtout décomplexé. Le run reste mon mode d'évasion favori, lorsque j'emprunte les sentiers du Golf du Morbihan, en vacances, ou ceux de la forêt Roumare, seul  ou accompagné de Caro et Xav' le dimanche. Le pied.


Ce plaisir dans la camaraderie, lui ; n'est pas prêt de disparaitre ! 

Caro et Xav', la gentillesse incarnée

Gaylord, l'ambianteur vert !

Côme : tu le croises, fais sa connaissance, papotte .... et tu termines la sortie avec lui


Jo m'a accompagné sur la dernière virée avant le Gelreman et bien d'autres avant (mais pas à vélo ...)

David, préparateur de roues entre autres !

David, l'historique et bien plus !

JC, alias l'Espadon Blanc (poisson d'élevage pour le moment ....)

Romaric et Sylvain accompagnent JC, Caro et Xav'

Martin et Arnaud : les géants verts

Fred, mon Ironfriend, alias IronBipBip

Quenotte, mon Ironfriend, alias Fred



Au-delà de la musique, je découvre la force des mots d'ancrage. "Focus" avait vraiment bien fonctionné pour les transitions. Un trio le complétera pour d'autres circonstances ....


Et pour les Ironsongs, donc ? J'en ai de nouvelles, dont cette BO motivante, que Fred reconnaîtra bien vite.


On change donc (encore) de version, mais pas de Loulou !