lundi 27 mars 2023

Bain de bouvence à la Nicolaysienne


J'avais coché depuis longtemps l'épreuve sur ce tableau de planification, qui fait ma légende. "Ca a l'air sympa, mais j'ai rien compris", résumait son dernier lecteur : Christophe.

Bref, j'envisage la Gravel Nicolaysienne, comme un véritable test : suis-je suffisamment équipé, préparé et entouré pour aborder sereinement la Gravel of Legend ?

La réponse alla au-delà de mes espérances.


J-3 

J'aborde cet événement comme les triathlons de jadis, avec un compte à rebours. C'est là que commence le kiff .... ou, plutôt, que je le retrouve.

La préparation des stocks de glycogène avec une réduction des apports de J-6 à J-3, pour optimiser la charge qui suivra.

La préparation du matos, avec cette visite chez les Pape, afin de récupérer un éclairage arrière. Faut-il préciser que je les quittais avec un sac à dos plein ? L'enjeu était effectivement de partir à la nuit de la maison, avant de rejoindre le départ, après une balade d'une bonne cinquantaine de kilomètres. Il fallait être bien éclairé pour rouler en sécurité.

La préparation du matos, avec la configuration, que je prévois pour la Gravel of Legend et l'élaboration du tableau Excel (encore un !), recensant ce que dois emmener. Ce n'est pas le 15 juin qu'il faudra que j'oublie quelque chose ou que je m'aperçoive que ma veste de pluie est trop volumineuse pour rentrer dans ma sacoche arrière !

J-2

Pas de sport, mais du réconfort. Je me sens vasouillard, comme à l'approche des Ironman. Paradoxalement, ça sent bon. Quenotte chambre et me rassure. Je suis heureux de retrouver cela. Je n'imaginais pas que cette excitation sportive - ce trac d'avant concert - reviendrait aussi vite, après la déception néerlandaise.

J-1

J'exécute la fameuse séance de déblocage sur le vélo d'appartement. 40 minutes, dont une dizaine, comprenant des accélérations de 15-30 secondes toutes les minutes, suffiront.

A la mi-temps du superbe Galles-France, je concocte une gâteau sport. Il n'aura pas la touche de Mme BipBip, ni le goût amande de Caro... On parle bien de la préparation Xav' : "tkt", comme écrivent mes filles ! Il fera son effet le lendemain et, surtout, confortera cet état appréciable du jour : c'est l'essentiel. Seb, comme promis, voici la recette :

Jour J

Je me réveille naturellement vers 4h20. Horaire classique de journée d'Ironman. Que c'est bon de retrouver cela. Je me repose dans le lit ; souriant. 5-10 mn de méditations pour me reconnecter ; sentir chaque parcelle de mon corps et toute l'énergie, dont j'aurai besoin.

Départ à l'heure H ... à la Jean-Michel Apeuprès. Le pneu arrière bricole. Je le reclaque à la bombe. C'est la magie du tubless. J'emprunte d'abord la RD 982, reliant Rouen au Havre, en longeant la Seine. Je me familiarise avec la conduite de nuit et une nouvelle vérité de Quenotte : "la nuit, les voitures ne peuvent pas te dirent qu'elles ne t'ont pas vu !". Je me sens plus en sécurité ici, qu'à Rouen en pleine journée. Clairement ! Sans jeu de mot ... A Duclair, je suis content de retrouver une vraie piste cyclable. Comme quoi, il y en a dans la métropole rouennaise ... dès qu'on s'éloigne suffisamment de la ville. A la sortie de Villequier, j'en trouve une autre. Je ne la connaissais pas. Trop habitué à filer en position aéro, sur mon vélo-chrono, en évitant le vent et les graviers. Quelle dommage ! Cette portion de la Seine à Vélo est magnifique et assez roulante. Le détour de 10 km valait vraiment le coup. Il me faudra cependant compter sur une grosse partie de manivelle, la patience de mes camarades et la photo de groupe pour ne pas louper le départ.


Ne me cherchez pas sur la photo. Puisque je vous dis que j'étais à la bourre ! 

Petit mot et grand remerciement au passage. Elle était vraiment chouette cette randonnée, Hervé !


Goo !

Cela faisait très longtemps que je ne m'étais pas retrouvé dans une cyclo. Départ groupé, mais convivial. Une première descente pour tester mes freins et BIM ! un pétard de plus d'une borne à 7%. Ca tombe bien : j'suis chaud. En haut, j'attends les copains et on laisse filer les cyclistes les plus pressés. L'objectif annoncé par Quenotte, rouler en groupe ... sans s'empêcher d'en mettre une dans les parties techniques. Après la balade, on déjeunera chez lui avec Séb, Fabien, Sylvain et Yannick. On ne va pas gâcher la fête, d'autant que je ne connais pas encore les trois derniers.

Effectivement, comme je m'y attendais, à l'approche d'une partie technique et d'une flaque d'eau (et il y en a eu !), le groupe accélère, avant de se reformer sur l'asphalte. Un effet Paris-Roubaix ; loin de la gestion de l'effort très lissée du triathlète longue distance. Mais je suis prêt. Enfin, c'est ce que je conclurai à l'issue de ce test ; car je ne pouvais présumais de rien, tant que ma sortie ne serait pas achevée. A chaque sollicitation, les jambes, le pilotage et les freins répondent présents. Mieux : plus le temps passe, plus je tiens le peloton dans ces parties accidentées. Gain de confiance, de technicité en m'appropriant ces nouveaux terrains de jeu, ou endurance ? Probablement les trois à la fois.

Ce qui est sympa aussi, c'est que l'installation de mon vélo tient le coup ; y compris la batterie externe, que m'a prêtée Xavier. Souvenez-vous : je voulais juste lui emprunter un éclairage arrière ! J'ai fixé cet élément obligatoire pour la Gravel of Legend, par une sangle, entre mon cadre et la pochette de bouffe. Il tient très bien. Je chuterai même en fin de parcours ... uniquement pour m'assurer que tout est bien ancré. 

Matos - Check !
[Totalement check mercredi, lorsque j'aurai renouvelé mes plaquettes de freins ...]


Difficile de tenir le timing millimétré de prise de boisson et de solides, dans ces conditions. Mais les reflexes sont toujours là. 2-3 gorgées de boisson énergétique maison toute les 10 minutes (très) approximativement. Du solide toutes les 45 minutes, à un quart d'heure près. Je profite du ravitaillement pour refaire le plein des bidons avec de la poudre cantilienne : la légale, hein ? Une dose de 50g de maltodextrine, préparée dans un sachet. Testé et approuvé ici. Nickel. Je profite de l'expérience de Quenotte, m'invitant à optimiser ainsi chaque arrêt : alimentation, checking du vélo et pipi.

Physique - Check !


Pour revenir à mon introduction, restait donc à valider l'entourage ; particulièrement la composition de la Team "Graveleux".

Aucun doute, concernant ma Quenotte. Vichy : c'était tellement énorme mon Ironfriend !


Reste donc 2 compagnons, avec qui notre expérience commune de la préparation longue distance, est encore vierge. Christophe, blessé, a judicieusement, fait l'impasse. Reste Séb, mon acolyte de Cité U, avec David. On a roulé tous les trois ensemble, il y a quelques mois. Nous étions tellement heureux de nous retrouver et pris dans nos conversations, que nous avons oublié le traditionnel selfy. Deuxième sortie, donc, avec Séb. Je le tracterai quelques fois, pour l'aider et revenir sur le groupe et lui éviter des bordures. Hervé est taquin : quand il n'y avait pas de flotte, il nous faisait rouler en plein vent ! Ceci, peut d'ailleurs, géologiquement expliquer cela. Bref, pour quelqu'un qui arrivait modestement dans l'univers du long, il a un sacré coup de pédale et jouera aussi sa partition à l'avant. Surtout, les portions calmes nous ont permis de bien rigoler et nous remémorer de bons souvenirs. Comme pour le vélo, y a certaines choses qui ne s'oublient pas.

Notre joyeuse bande aura embarqué quelques cyclistes dans son sillage. Notamment Christophe : un autre ! Ce rouennais s'empressera de me proposer un itinéraire de 2h30 max, qui me permettra d'occuper sportivement mon temps, lorsque j'emmène Solène à l'aviron. C'est son coin. Il s'est plié à l'exercice. Sympa ! Dans le pur esprit gravel, accru par cette belle orga. Cela existe dans le triathlon, particulièrement chez les petits hommes verts de MSA. C'est simplement, que cela me paraît systématique en gravel. Est-ce parce que je regarde cette discipline avec le regard naïf du néophyte ?

Sur le chemin qui nous mènera chez Quenotte, je franchis la barre symbolique des 6h de vélo. Je papotte avec Fabien et calme encore les ardeurs de Yannick, dont les jambes sont plus fiables que les pneus, dans le dernier coup de cul. Place au déj' avec nos femmes, bien mérité, désormais. 

[Attention à la ponctuation et aux accords ...]

Entourage - Check !


Voilà des cases amplement remplies ; auxquelles s'ajoute celle que j'ai oubliée l'année dernière. Elle est pourtant aux fondement de ma pratique sportive : le plaisir.

Telle fut la leçon amère de mon DNF à Maastricht. Tel fut l'enseignement rayonnant de cette si belle balade. De ce bain mêlé de boue et de jouvence.

Le plaisir : ce terme, qui apparaissait avant chacun de mes défis. En revoyant ces photos, j'ai les yeux humides. Ce ne peut plus être cette boue de la nicolaysienne ...



 2017 - IM Vichy

 2019 - IM Coopenhague

 2021 - Gelreman

 2023 - IM Maastricht





Ironloulou

Le mec qui a tellement besoin des autres, quand il pratique des sports individuels



















Pour les mecs qui aiment bien les stats !