jeudi 19 décembre 2019

IronLoulou 2.0


En bouclant mon 2ème ironman sous les 12 heures, je démarrais "le début d'autre chose".

Restait à savoir comment. Comment aborder cette 3ème campagne de fer ? Comment concrétiser mes progrès. Comment poursuivre la construction de ce nouvel homme ? 



Ce synopsis achevé ; place à l'action !


Action décidée avec mon compère du jour : David. Nous nous sommes engagés sur les 11,5 km du traditionnel Trail de Montigny. Il s'en est d'ailleurs fallu de peu pour s'orienter vers le format le plus long. De peu ; ou, devrais-je préciser, de quelques verres. La désinhibition, provoquée par une joyeuse soirée, avait provoqué un "chiche". 

Soyez donc rassurées, Anne et Vanessa. Comme tous les mecs, avec l'alcool, on se lance des défis. Mais à la demoiselle, nous préférons toujours celui d'accrocher une nouvelle arrivée à notre tableau de chasse ! 


Je me demande d'ailleurs, si ce n'est pas dans un état spiritueux - pour ne pas écrire spiritique - identique, que j'approuvais la proposition de Ben, m'invitant à m'aligner sur mon premier triathlon ...

Bref, David se dégonflait très rapidement tandis que s'emplissait, à la même vitesse, les nappes phréatiques de la forêt de Montigny. Ce, à tel point, que l'avant-veille encore, l'organisation était sous la menace d'une annulation de la course par l'ONF ; en raison des risques de chute de branches et d'arbres.

Nous nous engageons très rapidement dans les bois. Je ne prends pas le soin d'éviter la première flaque et de me mouiller les pieds. C'est une habitude saine chez runners, sauf chez Xav' et ses chaussures étanches (private joke). Nul besoin d'être expert, pour savoir que je reviendrai trempé avec une passage des fringues par le sas garage. Alors, j'y vais gaiement. Et ça se voit !

Autre certitude : le nombre de participants étant inversement proportionnel à la taille des chemins, il est inutile de croire que l'on pourra doubler tant de concurrents rapidement.  Il faudra donc patienter avant que "les places ne se fassent", à la faveur des difficultés, qui jalonneront le parcours. Si j'avais vraiment voulu faire un chrono, je n'avais qu'à arriver plus tôt !

Prendre plus de marge pour les petites courses locales n'est pas implémenté dans la version IronLoulou 2.0.


Mais alors : que signifie ce 2.0 ?

Ce terme de geek comprend les améliorations, que je dois apporter à ma manière de m'entraîner et d'aborder les courses. Mon avancée en âge et mon emploi du temps ne me permettront probablement pas d'espérer courir plus vite et m'entrainer davantage qu'en 2019. Les progrès doivent donc être recherchés ailleurs. Dans ce que les experts appellent les "facteurs périphériques de la performance" et INEOS (ex-sky), la recherche du "gain marginal".


D'abord courir sans pression.

J'ai fait le plein de confiance. Elle doit me permettre d'économiser une grande partie de l'énergie déployée par le stress de l'approche de la compétition et la crispation des gestes, durant celle-ci. Tout cela, ce sont des centièmes de secondes de grapillés à moindre coût. Le coût de référence étant celui des heures à passer dans l'eau pour gagner 25 secondes en natation. Je le mentionnais dans un article d'y a plus de 3 ans, évoquant la dimension mentale et dont la musique vous réenchentera ... ou pas .

"Un questionnement mental qui arrive à bien des compétiteurs et ruine en 3 minutes, 3 mois de préparation. Un trimestre d’abnégation dans l’espoir de grapiller 25 secondes sur les 1,5km de natation, 60 sur les 40 de vélo et 40 sur les 10 km de course à pieds d’un « Distance Olympique » (…). Il te reste 5km à parcourir à 4’50 du kilo. Tu viens de te couper les jambes avec cette pensée négative. Tu termines en gestion. Ah ! J’adore cet euphémisme sportif - « j’ai terminé en gérant » - dont je ne suis pas avare! Bref, tu cours désormais à 5’15 du kilo, soit 25 seconde plus lentement, sur les 5 qu’il te reste à parcourir. 5 fois 25, « je vous le donne en mille Emile », 125 secondes …"


Courir sans pression, c'est donc du IronLoulou 2.0. C'est faire mien le légendaire "Take It Easy" d'IronBipBip. Oui, j'imagine que certains étaient surpris, voire inquiets, que je ne l'ai pas encore cité.

Courir sans pression ... Ca n'empêche pas d'en boire une après, hein ? ;-)

Pour l'heure, on est au 4ème kilomètre ; toujours dans le trafic. On va rentrer dans le dur. Mais pas autant que le mari du dossard 1 877, s'il a oublié d'aller chercher le pain. Son regard en dit long.

"Désolé, j'ai mangé du clown". Ce n'est pas moi qui parle - vous êtes  habitués à mes envolées lyriques et humoristiques - mais le virvoltant* David. Il s'excuse et court au rythme d'une blague au kilo. Làs, les autres compétiteurs du jour sont moins enjoués. Il faut croire qu'en Normandie, les 11,5 km et 229m de D+ constituent la course de l'année !

Ensuite, les observateurs avisés auront rapidement remarqué que je tiens une fiole de boisson isotonique. IronLoulou 2.0, c'est l'hydration et l'alimentation. C'est un point d'amélioration évident. Je pense avoir perdu une demi-heure, à Copenhague, en ne parvenant pas à gérer la gêne provoquée par leur boisson. J'envisage aussi d'expérimenter un protocole, le "Sleep Low", séduit par la description qu'en a faite l'excellent Running Addict.



Enfin, cette course confirme que mon changement d'orientation sur le renforcement
musculaire paie. L'idée était assez simple : pompes, abdos et gainages sont nécessaires. Cependant, les exos classiques génèrent une fatigue supplémentaire. Or, cette préparation physique n'est qu'un moyen et non une fin ! Moyen me permettant, si ce n'est de performer ; en tous cas, de ne pas me blesser. En outre, je me suis bousillé le périnée en faisant mal mes abdos quand j'étais ado. Et puis, ça fait du bien de changer ! 

La nouvelle méthode introduite (IronLoulou 2.0) est tout simplement celle de Joseph Pilate. Gym douce, basée sur le contrôle et l'équilibre. Le renforcement des muscles les plus faibles et l'étirement de ceux qui sont le plus tendus. J'étais parti de l'hypothèse de JC : "si tu as mal au dos, c'est que tu es trop fort devant". Autrement dit, c'est beau les tablettes de chocolat, mais il faut être vigilant sur les conséquences. L'absence de douleurs, alors que nous en terminons avec la principale difficulté du jour, confirme que le choix était le bon. Cerise sur le gâteau, le Pilate a une vertue de relaxation des plus appréciables.



Reste 2 kilomètres à parcourir. J'ai prévu de faire l'effort maintenant et suis également grisé par cette réflexion, comme le sentiment d'avoir bien géré cette course. David, qui a mené l'allure en grande majorité, l'observe. On grignotte encore du monde et un jeune (sur la photo d'intro) : ça fait toujours plaisir quand on a nos âges. On terminera main dans la main, en 1h03 ; respectivement 235 et 236, sur près de 900. Mon meilleur "classement relatif" sur cette course.








L'amitié toujours présente dans la version IronLoulou 2.0 ... et ce n'est pas prêt de disparaître !



En synthèse la version IronLoulou 2.0 apporte confiance, alimentation et renforcement musculaire ; tout en conservant l'essentiel : connaissance et dépassement de soi, plaisir et amitié !

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* Cet épithète désigne tant sa joie de courir, que le dénivellé positif calculé par sa montre GPS : 239m, soit 100m de plus que la majorité des coureurs.