mardi 31 mai 2022

IronLoulou 3.0




J'ai d'abord mis cela sur le compte du contre-coup du Gelreman, puis de la digestion de sa désillusion. Loin du Sub11 visé, ce chrono effaçait celui de Copenhague et la confiance accumulée. Ensuite, sur le COVID et la fatigue engendrée. Le "mal" était là - mais, en était-ce un ? - : je ne ressens plus l'enthousiasme jouvenceau des premières prépas.


L'impatience béate a laissé place au tempo laconique de l'application illustrée ci-dessus. Les semaines et les séances s'égrainent  impassibles. Ma courbe de progression ressemble plus à une asymptote qu'à une fonction exponentielle. Les lois de la biomécanique et de la gravité sont intraitables : nous sommes condamnées à ralentir. On s'entraîne "juste" pour en atténuer les effets. 


J'ai supprimé des classiques de ma liste d'Ironsongs. Nonobstant leurs qualités musicales indéniables, ces morceaux de Toto ou de Bon Jovi ne provoquent plus le coup de booster escompté. Cet ancrage puissant de ma PNL (Programmation Neuro Linguistique) indispensable pour relancer la machine, quand il le faudra.


C'est ainsi qu'une certaine naïveté a disparu. Je "savais" l'Ironman® difficile. J'ai "connu" le mur par trois fois.


Le "flow" : ce sentiment d'euphorie quand l'adversité est au plus fort. Ce "flow", que l'on recherche plus ou moins consciemment. Le "flow" nécessite de passer par la souffrance. Celle-là même qui est inhérente à la discipline. Alors oui. J'aurai mal avant de goûter à cela. Je grimacerai avant de sourire aux anges. Il faut m'y préparer résolument.


La béatitude laisse donc place à la lucidité. La plénitude sera au bout, c'est certain.


Car si le Sisyphe, que je suis, continue de pousser son rocher. Si les sources initiales de satisfaction, ou de "bonheur dans l'accomplissement de sa tâche", s'effacent. Elles sont remplacées par d'autres. 


Sur l'alimentation : changement de régime ! Fini le "sleep low" et la préparation à courir avec les réserves épuisées. L'objectif n'est plus de savoir le faire, mais de repousser l'échéance .... en mangeant. Mon dernier training day m'a permis de tester positivement les 60g par heure à l'aide de gels : il faut se préparer à ce qui parait si indigeste au bout de l'effort.


Dans la tête, les sensations enivrantes ont remplacé la psychothérapie revendiquée. De plus en plus de glisse, en natation. Parfois même, la culbute ; juste pour le sentiment d'appartenir au groupe des nageurs. A vélo, je prends les bosses autant pour me préparer à celles qui jalonneront le parcours, que pour le plaisir de grimper et de descendre. Qui l'eut cru ! Si je reste prudent, je suis surtout décomplexé. Le run reste mon mode d'évasion favori, lorsque j'emprunte les sentiers du Golf du Morbihan, en vacances, ou ceux de la forêt Roumare, seul  ou accompagné de Caro et Xav' le dimanche. Le pied.


Ce plaisir dans la camaraderie, lui ; n'est pas prêt de disparaitre ! 

Caro et Xav', la gentillesse incarnée

Gaylord, l'ambianteur vert !

Côme : tu le croises, fais sa connaissance, papotte .... et tu termines la sortie avec lui


Jo m'a accompagné sur la dernière virée avant le Gelreman et bien d'autres avant (mais pas à vélo ...)

David, préparateur de roues entre autres !

David, l'historique et bien plus !

JC, alias l'Espadon Blanc (poisson d'élevage pour le moment ....)

Romaric et Sylvain accompagnent JC, Caro et Xav'

Martin et Arnaud : les géants verts

Fred, mon Ironfriend, alias IronBipBip

Quenotte, mon Ironfriend, alias Fred



Au-delà de la musique, je découvre la force des mots d'ancrage. "Focus" avait vraiment bien fonctionné pour les transitions. Un trio le complétera pour d'autres circonstances ....


Et pour les Ironsongs, donc ? J'en ai de nouvelles, dont cette BO motivante, que Fred reconnaîtra bien vite.


On change donc (encore) de version, mais pas de Loulou !


mercredi 25 mai 2022

10 ans déjà ....


10 ans déjà. Belfort : le longue distance et le ballon d'Alsace, où je laisse mes jambes.

10 ans déjà ; que j'arbore le polo de finisher, de temps en temps.

10 ans déjà. Ces leçons, qui doivent me servir dans un avenir très proche.

10 ans déjà. Ma chérie et les copains : toujours.

10 ans déjà. La perspective d'un Ironman® était lointaine. Songer que je serai en passe de franchir une 4ème Finish Line ; inimaginable.

10 ans déjà, que je vous abreuve de mes récits. Alors, le voici !


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LD Belfort 2012

Leçons de choses

 

N'y allons pas par quatre chemins. En écrivant "leçons", j'emploie un euphémisme tant la limite entre leçon et correction est ténue …

 

Tout avait pourtant bien commencé ce vendredi 1er juin. Le cadeau de Mél qui arrive pile à l'heure, le trajet en voiture avec JC et ma Douce. Et, pour couronner le tout : l'accueil "Spécial Monnier". Inès, Arnaud et leurs 3 enfants, tout aussi chaleureux, assurent le gîte et le couvert pour une joyeuse bande, désireuse d'en découdre avec le Ballon d'Alsace … surtout très heureuse d'avoir trouvé un prétexte pour se retrouver ! Maison ouverte, pâtes cuites à souhait … : ils sont à nos petits soins et pour beaucoup dans la réussite de ce WE. Il faut croire que les Miss Monnier savent recevoir et qu'elles transmettent ce savoir-faire à leur mari !

 

Samedi matin, c'est un peu moins la joie. Je me réveille aux côtés de Vanessa, qui m'a accompagné, et un peu vasouillard. Ces deux éléments n'ont rien à voir, je le précise J ! Les maux de tête accompagnent l'appréhension de la course. Et je ne parle que du haut … J'avale à peine un thé et quelques "biscuits sport". Du gâteau trop cuit quoi ! Faudra que je prenne des leçons de cuisine auprès de Caro. Willy a hâte de faire son 1er long. JC son dernier avant une petite pause. Tout ce petit monde suit les consignes de Ben, qui nous amène à rejoindre Yohann et Laurent. Arrivée sur site à 9h30. 1h30 avant le début de la course. La marge classique pour être serein …

 

… sauf qu'on est 6 et qu'il faut ajouter 5-10 mn par collègue pour palier aux inerties afférentes aux arrivées groupées. 1ère leçon ! Du coup, on fait partie des "30 derniers concurrents qui doivent poser leur vélo" et des centaines qui parviennent difficilement à comprendre ce qu'ils doivent faire avec leurs sacs poubelles. Malgré les explications des bénévoles supers sympas, c'est un peu la panique dans le parc. Lorsque je dépose mon matos, il n'y a plus personne. Je suis un peu dégoûté car j'aurai bien voulu papoter avec les membres du FIT et, particulièrement Christophe. Mais va retrouver quelqu'un dans toutes ces combards noires agglutinées sur la berge !

 

Pas le temps de manger comme d'habitude. Mais, 2ème leçon, comme j'ai fait plus attention sur l'accumulation de glucides (surcompensation, malto à J-1 et j'en passe) ; ça le fera bien. En revanche, l'hydratation ne permet pas les mêmes stratégies. Tout ce que tu ne bois pas aujourd'hui, tu en souffriras demain !

 

Avec JC et Ben, on s'est placé à l'extérieur pour éviter la baston, si tenté que cela soit possible à 1 000 participants ! Dernières accolades avant le départ : un pur moment d'amitié ! "Take It easy". Avec ce trafic, ce n'est pas aujourd'hui que je claquerai une perf. J'ai encore moins envie de ma claquer les doigts ! Alors, j'essaie de nager propre pour moi et les autres, conservant quelques distances de sécurité bienvenues. Natation donc très cool, trop ! Deuxième tour bouclé en 20'24 pour un temps total sous les 40 : il est temps que je me réveille ! Certes, je gagne 5mn par rapport à l'Half de Val de Reuil en 2011, mais je suis devenu exigeant.

 

Transition longue. Difficile de chercher casques, lunettes et autres matos nécessaires à la partie vélo dans un sac poubelle. Expérimenter les transitions en sac : c'est une leçon à garder pour un Ironman, non ?

 

Départ vélo prudent. Ralenti par la perte de mon matos de réparation. Je l'avais mis dans mon bidon ouvert pour caler le boyau, que j'avais perdu il y a 2 semaines … mais pas testé cette nouvelle config avant la course. Ah, je ne vous ai pas dit. Je n'ai pas retouché le vélo depuis Evreux. Juste 2 séances de vélo d'appart pour ne pas perdre … alors, à votre avis, leçon ou correction pour la suite ? Donc, après avoir ramassé mon matos (pour éviter une chute probable à l'arrière, vu l'étroitesse de la route et des distances entre les concurrents lancés à vive allure), j'étais rejoins par Willy. Vexé, je le gardais en ligne de mire, ne parvenant pas à recoller à cause de ces satanés petits virages en descente que je n'apprécie guère. Finalement, je le quitte avant le km 20 après lui avoir demandé quel maillot du tour de France il choisissait, faisant référence aux sculptures florales sur le bord de la route. Et bien, je choisis pour toi Willy : le dossard du plus combatif ! Il terminera les 25 derniers km en vélo sur la jante. La faute à un pneu d'une marque régionale, pourtant … Bravo Willy ! Tu es finisher de ton 1er LD et de superbe manière ! Belle leçon de sport que tu nous as offerte là.

 

Le km 20 marque également le moment où je dépose JC. Putain, fait chier : c'est de plus en plus tôt. Un encouragement et je déroule avec un plaisir croissant. Après le ravito du 40, la course et les pelotons se décantent enfin. Inutile de vous dire qu'avec nos arbitres normands, il y aurait eu des embouteillages dans la zone de pénalité … Km 50, je dépense des concurrents, je suis euphorique ! Tiens, faudrait peut-être que je pense à reboire un coup, ne serait-ce que pour alléger ma gourde. D'autant que le soleil tape … J’avais pas lu un truc sur le sentiment trompeur d’euphorie ?

 

Démarrage de l'ascension km 60. Je me sens toujours aussi bien. Trois premiers km avalés en montant de deux dents par km. 17-19-21. 23, 23, 23, 23 ? Mais bon sang, pourquoi ça ne passe pas sur la 25 ? Il me restait encore 2 « vitesses ». J'avais pourtant vérifié les réglages avant l'entrée au parc :s. Va donc falloir faire avec. Et ce sera dur, très dur. A une fréquence de 40-50 tpm, loin pour autant de signifier "en force". Pour preuve, je réalise le 685ème temps de l'ascension du ballon : ce n'est pas que je me considère comme grimpeur mais avec un vélo, des roues et un gabarit de poche, ça vexe ! Pire, en haut je me surprends à déchiffrer une pancarte tendue par un bénévole. « "E"-"A"-"U", mais qu'est-ce que çà peut bien vouloir dire ? » Il est vraiment temps que je fasse quelque chose ! J'abandonne mon bidon et ma boisson énergique maison. Ecœurante à ce moment, mais qui m'avait bien convenu lors de mes longues sorties d'entraînement normandes … par 14° maxi. Leçon plutôt logique : je ne bois pas la même chose en hiver qu'en été ; apéro et vins en premier lieu ! Mais c'est une autre histoire. Je profite donc de l'E-A-U pour m'en asperger le visage et amorcer ce que j'appréhende le plus avec le soleil : la descente du ballon. Finalement, après m'être arrêté après le  3ème lacet pour fermer ma trifonction, puis avoir été dépassé par un peloton d'une bonne vingtaine d'unité, ça passe sans stress (sans être rapide). Retour vers Malsaucy sans trop appuyer. Je sais que ne suis plus dans mes objectifs. Reste à garder les forces que m'aura laissé le ballon pour faire une bonne course à pied.

 

Je passe ici sur la leçon de transition et la recherche de sac. Episode rapidement effacé dès que je perçois les encouragements de Vanessa et Mel. Je m'élance confiant. 1er km bouclé en 4mn30. Bizarre, je pensais que çà grimpait plus. Ça s'annonce plutôt bien … mais rapidement le coup de cul, sous le cagnard, arrive. Impossible d'avancer. C'était trop beau. Les symptômes s'accumulent. Ne pas avoir encore eu avoir à faire de pause pipi prend tout son sens. Le coup de chaud. Celui que je redoutais. Celui que j'ai eu sur mon dernier marathon, c'est d'ailleurs pour cela que cela a été le dernier. Gérons donc !

 

Je marche dans la bosse puis m'asperge 2X au ravitaillement du km 2 : situé à 150 m d'un demi-tour, il offre l'avantage d'y passer 2X. Descente tranquille. Passage dans la forêt en profitant de l'ombre et du moment. Je boucle le 1er tour (<7km) en 35mn, limitant les dégâts. Je sourie à ma petite femme en baissant le pousse pour lui faire comprendre que « Ça va, mais je ne ferai pas d'étincelles et ne finirai pas devant Ben »

 

2ème tour : arrêt pipi de principe, mais vraiment histoire de … je grimpe la bosse en courant et profite copieusement du ravito : flotte sur et dans la gueule. Des concurrents me dépassent, mais je n'arrive pas à les suivre, tant physiquement que mentalement (ndlr : en fait, à en juger par les résultats, pas tant que çà, mais sur 3 tours, c'est toujours trompeur). J'essaie de relancer, mais un début de crampe achève de me convaincre : je suis cuit, dans tous les sens du terme. Mon corps ne cesse de m'envoyer des signaux mais à la gentillesse de me laisser l'endorphine pour courir sans douleur. Les images de mes filles m'accompagnent : "A pu piles Papa" : il va falloir gérer.

 

3ème tour : "Je garde des forces pour ce soir" annonce-je aux filles. Pas question de leur faire part de mes inquiétudes. 42mn pour 7 km, c'est vraiment la loose. Impossible de courir dans la bosse. Vas-y tranquille. C'est mort pour la perf alors garde des forces pour dans 3 semaines ! Belle auto-motivation, mais pas aussi forte que celle qui va suivre. "Eh, on est dans le même club !" : Christine m'attend et marche avec moi jusqu'en haut avant de relancer. Ravi d'avoir fait ta connaissance, c'était sympa. Je suis trop hagard au ravito pour la suivre. Genre le type qui se demande quel verre d'eau choisir ! Au retour de ce ravito, je tape dans la main de Jean-Jacques en l'encourageant : je sais encore lire les dossards ; tout n'est pas perdu. Un bénévole me suggère de profiter du dernier tour pour ouvrir les yeux et il a raison ! J'ai le sourire. Mais toujours pas les jambes qui n'acceptent plus les relances. "C'est sympa de m'avoir attendu !" chambre Jean-Jacques qui vient de me rejoindre près du km16. Je cours à ses côtés, mais ne soutiens pas la conversation très longtemps. Je lui dis de faire sa course, comprenant mieux ce qu'à vécu Fabrice il y a près d'un an à Fains. Mais le Jean-Jacques est Ironman. Le Jean-Jacques est donc têtu. Il m'attend, m'encourage et me propose de la flotte.  Plus d’arguments à faire valoir fasse à temps de gentillesse. Pas le choix. Je n'en peux plus, mais je suis.

 

Nous voici sur le tapis bleu. L'arrivée est proche. Très pro, il remonte ses lunettes et ajuste sa trifonction. Très mort, je remonte ma langue et ajuste ma posture déplorable. Nous terminerons ensemble main dans la main. C'est énorme. L'émotion m'envahit. Rappel de cet inconnu qui m'avait également permis de boucler mon 1er marathon, dans un état bien plus déplorable, avec une grosse envie d'y retourner (grâce à ce geste). Merci Jean-Jacques ! Ma femme a immortalisé le souvenir … mais en vidéo, je te l'envoie par MP si tu veux.

 

Les retrouvailles avec Ben, vainqueur, sont classiques. Mais ce moment de partage reste toujours agréable, surtout accompagné des flammeküeche et de bière ! Prise de nouvelles de JC, qui a dû abandonner, de Willy-Warrior, de Tony "le monstre" et de nos 2 acolytes. Je suis assez déçu de ma course. Le polo de finisher (près de 175 concurrents ne seront pas classés) ne compense pas l'absence d'une perf que j'espérais, aussi relative soit-elle. En en discutant avec Ben, issu du même métal que moi et probablement que Willy, je résumerai ainsi "Après tout çà, terminer une épreuve n'est plus un principe, c'est une certitude". Il va donc falloir que je me remette vite à la tâche si je veux terminer mon prochain LD plus dignement dans 3 semaines, au Havre.

 

Les résultats ne pourront être que meilleur que cette 661ème place (/ 1000)

Nat : 584ème temps en 40mn > aurait pu mieux faire

Vélo : 661ème en 3h20 > le ballon, ça pique en 23

Cap: 677ème en 2h06, en positiv split à tout point de vue (entre les tours et les disciplines) > incroyable


See you soon !
IronLoulou