vendredi 23 décembre 2016

Trail de Montigny en mode HS



10h15 : HS ; mes jambes qui ne répondent plus après une demi-heure de course ou, plutôt, émettent des signaux forts de douleurs au niveau des périostes. La quasi-absence d’échauffement et les 10 mn composées de zig-zag et de course dans les fossés pour doubler les concurrents trop lents m’ont été fatales. Ah, je m’en veux d’être arrivé aussi en retard alors même (car ?) la course est à moins d’un quart d’heure de la maison en vélo. Ma stratégie de course HS aussi : j’étais censé attendre patiemment que çà se décante avant de prendre mon rythme et finir, en beauté, après la bosse … et j’aurais mieux fait :s

10h30 : HS ; mon objectif utopique de me raccrocher de ma performance de 2012 et de Quenotte, parti comme une bombe après m’avoir gentiment attendu au départ.

10h35 : pas HS la perspective de l’Ironman ; alors autant apprendre et apprivoiser la technique de focalisation – visualisation - dissociation … enfin bref, un truc de sportif pour arrêter de s’apitoyer sur ce qui cloche, apprivoiser la douleur. Car il y en aura sur les 228 km (12-13h de course) sur l’Ironman ! Je me concentre sur le T-shirt du CE Aircelle (un collègue de David) avant que mon regard ne se baisse plus longuement sur un short féminin. Et ça marche ! La douleur s’efface : la concentration et la motivation reviennent à défaut de la vitesse …

10h36 : que ceux qui ne croient pas que ma douleur était réelle demandent à Ludo et Quenotte de qualifier ma démarche en quittant les lieux de la course. A peine plus glorieuse qu’à l’issue du long de Vernon (Caro et Xavier m’en parlent encore !). Et que ceux qui trouvent que j’ai l’esprit mal placé … et bien euh …

10h40 : je passe en mode MP3 avec un mix entre Journey (Never Walk Away) et Zinzin Reporter : ce n’est pas un musicien mais un ultra trailer, dont les reportages sont riches d’enseignements. En ce moment, je me répète ce mantra issu de son Thor des Géants : « Je peux me refaire : ça ira mieux demain ». Alors peu importe que je me fasse doublé et la performance d’aujourd’hui …


… car ce qui, compte, c’est l’Ironman de demain ! Mode High Spirit ON !



jeudi 8 décembre 2016

A J-10 ; N-4

Que ceux qui se demandent à quoi correspond ce titre ne s'inquiètent pas ! Je ne joue pas à la bataille navale et ne fait pas de mathématiques avec mes filles ;-)

C'est juste qu'à J-10, date de la dernière grosse sollicitation physiologique d'un programme d'entraînement bien calibré, il est bon de se projeter mentalement dans la compétition. Dans 10 jours, je m'alignerai avec Quenotte sur le Trail de Montigny, dont je relie le compte-rendu.

Ma dernière participation remonte à 4 ans : à N-4 donc. Ma prose d'alors était centrée sur le thème du dossard. Étrange coïncidence avec mon dernier article, dont je viens de m'apercevoir*. La boucle est donc bouclée ! Récit :






Ça fait plaisir de remettre un dossard !

Ce titre de SMS pour répondre à Fred-BipBip sur mes impressions de course ce lundi à 18h15. Pensée hyper positive en descendant les marches de la salle des fêtes de Montigny, la veille à 9h25, avant d'aller m'échauffer pour ce trail local. Car épingler un dossard n'est jamais anodin. Oh certes, on n'est loin de ces gaillards pleurant comme des madeleines à la remise d'une "cap" de l'Equipe de France de rugby. Mais je frissonne toujours, que ce soit pour une course au saucisson ou une compétition-objectif. Si ce n'était pas le cas, je ne serai pas licencié comme la plupart d'entre vous, non ?


"Ca fait plaisir de remettre un dossard"

Je pense évidemment à celui que j'ai jeté,de dépit, à l'issue de ma dernière course de la saison 2011-2012. Mais, je pense aussi à ceux qui ne peuvent pas le mettre aujourd'hui ; dans le meilleur des cas, car le médecin leur a demandé l'inconcevable: "arrêtez-vous de courir au moins tant de mois" (Sic !). Je pense que je suis en bonne santé, accroc au sport et chanceux d'être ici. Pensée similaire à celle que j'ai au moment de présenter mon bras lors d'un don du sang alors que beaucoup n'ont pas ou plus le droit de le faire.


"Ca fait plaisir de remettre un dossard" … 

... mais avec un écureuil, c'est encore mieux ! Fred-Quenotte est venu partager les joies de la forêt domaniale, jouxtant la maison dans sa tenue d'hiver : les assidus du FIT** comprendront J. Petite frayeur, car il n'est pas aisé pour nos 2 formats de poches de se retrouver dans une mêlée plus 500 runners (notre 11 K démarre avec le 19).

Durant cette première partie de course, je me suis épinglé le dossard de meneur d'allure pour Fred. Il est visiblement parti trop fort la semaine dernière, caractère de sprinter oblige. KO physique et moral pour lui le dimanche après-midi. Je me fais donc un devoir de l'accompagner sur les premiers kilos … d'autant que ma séance du mardi (répétition d'allures de course) m'a rapidement fait comprendre que je ne ferai pas d'étincelles aujourd'hui. Autant concilier l'utile à l'agréable dans ce cas ! Ma Quenotte suit bien pour le moment. Opinant du chef lorsque je me retourne, prenant ses virages à la corde comme un cycliste, pour gagner quelques mètres. "C'est bien, on reste comme ça". Je m'efforce de garder la même allure malgré les concurrents à dépasser ou nous dépassant. Au détour des virages, je vérifie qu'il est toujours dans le coup. Au bout de 20-25mn, je rattrape un collègue de "Fred". On parle de "Fred" 3 mn, avant que je comprenne qu'il ne parlait pas de BipBip mais de Quenotte. Pourtant les questions et les réponses qu'elles amenaient étaient similaires. "Dommage qu'il ait bâché à la dernière course", "il a pris du poids", "un type super", etc. Je reste donc avec Ludo pour en savoir plus sur Fred (Quenotte donc !) et lui servir de point de mire : il aimerait finir devant Ludo cette fois.

Après 32 mn, suite à une légère relance boueuse, je prends 5 m d'avance à Ludo mais ne voit plus Fred. Aurait-il décroché ? L'histoire m'apprendra que c'est peut-être à ce moment qu'il s'arrêtera "pour cette satané pause pipi". Peu importe ! Il faut rapidement résoudre notre fameux dilemme : "Attendre le copain ou partir et faire sa course devant". Dans les 2 cas, le respect de celui-ci nous guide. Sachant que j'ai respecté mes engagements jusque là ; qu'il reste encore une petite moitié de la course ; et que le FIT ne saurait souffrir d'arriver à nouveau derrière le fameux Ludo, la décision est évidente ! Je relance juste assez pour le lâcher et en garder sous la semelle avant la difficulté du jour : un mur de 100m de dénivelé. De quoi faire rire nos amis montagnards, mais frémir les normands.

Petite déception au pied de la bosse. Elle est beaucoup trop importante pour la passer en courant, comme je le fais sur un autre de ses versants goudronnés. Je marche mais me rebelle. J'avais prévu de faire l'effort à partir d'ici et je le ferai. Je me penche, pose mes mains sur mes cuisses et démarre mon effort. Je rattrape 3 types devant, discute avec eux gaiement … avant de prétexter le photographe en haut de la bosse pour courir. J'en mange 2 par la même occasion. Reste +/- 3 km à parcourir. "Ne t'affole pas", "on n'est pas encore arrivé" … "de toute façon, je suis dans le rouge donc je n'irai pas plus vite".

Cette fois, je connais mieux les chemins qui nous sont proposés. Je me régale. Les jambes répondent bien. La ceinture porte-dossard (pour revenir au fil conducteur de ce CR) me gêne un chouïa. Je la redescends donc sur mes hanches. 5 types devant. Je n'arrive pas à les rattraper. "Ils sont aussi morts que toi !". Je m'accroche à cette pensée et à mon souhait de progresser mentalement. Les courses courtes sont faites précisément pour cela : terminer à l'arrache et gratter des places. Pour le long, c'est une tout autre histoire … Je profite des virages pour relancer et les dépasser un par un. Plus personne devant. Il faut que j'asseye mon avance. J'ai le souffle court. Je voudrai m'arrêter, mais je sais qu'il ne me reste plus que quelques hectomètres. Ça semble gagné dans la descente. "Je remonte ma langue et ajuste ma posture déplorable" : une bonne habitude prise avec Jean-Jacques à Belfort. Dernière virage ; 30 m de l'arrivée "ça revient derrière" me préviennent les bénévoles à l'arrivée. Peine perdu, un jeunot m'enrhume. C'est plus de mon âge tout ça !

68ème/246 en 56:22 ; le 1er en 42:53 et Quenotte (n°199) à une très encourageante 89ème place (sur le 1er tiers de cette petite course alors qu'il termine à la médiane la semaine dernière) ! 

* A la réflexion, il n'y a rien d'étrange à s'émouvoir à la reprise de la compétition à cette période, tant les jambe brûlent !

** Le FIT ou Free Iron Team hébergea longtemps des licenciés mordus de triathlon, mais ne pouvant pas le pratiquer dans le cadre d'un club : les écureuils. Mais ça, c'était avant ! Avant que la Fédération Française de Triathlon ne souhaite obtenir plus de compensations financières comme elle le fit avec le Duathlon de Montigny. Les deux, et l'esprit génial qui les animait, ont disparu avec mon respect pour cette structure devenue trop "parisienne".

lundi 5 décembre 2016

Remettre un dossard




Pour un triathlète, cinq mois sans dossard « c’est comme la mer sans les vagues ; c’est comme les vagues sans l’écume ; c’est comme l’écume sans le sel ; et le sel sans le poivre ». Les Inconnus ont cerné ce sentiment complexe dans leur excellent « Chagrin d'Amour»
Plaisanterie mise à part, j’avais bien coché le trail de Montigny, avec Quenotte, dans le cadre de ma préparation Ironman. Mais ça faisait un peu trop long d’attendre le 18 décembre, pour valider le progrès et les axes d’amélioration. Alors, je me suis engagé sur les 14 km d’Eslettes qui ont l’avantage d’être à un petit quart d’heure de la maison et de me donner une référence relative puisque je les ai courus en 2005, 2008 et 2009. L’inconvénient, c’est qu’on se sent bien vieux quand on met 2mn de plus !

Le contexte : 14 bornes à faire en 2 tours. 228m de D+, c’est pas mal pour un normand mais ça fait rigoler les montagnards ! Surtout, cette longue côte de plus de 2 bornes à laquelle je ne me suis pas préparé. Et cette distance, que je n’ai pas dans les jambes.

Voilà pour la logique sportive. Reste les autres enseignements, positifs, cette fois. De bonnes cannes sur le 1er tour, que je boucle en 32mn, et jusqu’au 10ème km. Une belle tenue qui m’a permis de ne pas subir les descentes et de souffrir au niveau des périostes et des abdos. Les efforts sur le poids et la natation ont payé !

Et, surtout, ce plaisir de remettre un dossard. Oui, il était lourd à porter le surlendemain dans les escaliers que « je descendais en moonwalk » J. Mais quel plaisir d’aller le chercher dans ce gymnase, dans cette atmosphère si particulière. D’y croiser Bruno, ce type avec qui tu n’as couru qu’une fois, mais qui te permets de te dépasser sur une course : c’était sur le Trail du Rouvray, il y a …. 9 ans. . Ce soulagement quand je l’arrache une fois la ligne d’arrivée franchie. Ce sourire que j’arbore en faisant un signe à mes nanas pour la photo.
  

Remettre un dossard, c’est tout simplement prendre son panard !