mardi 25 septembre 2018

Décision


Cette décision n'a pas été facile a prendre, mais elle était nécessaire : me séparer de mon fidèle compagnon ...



... mon premier vélo de triathlon.



J'entends déjà des voix s'élever contre cette anthropomorphisme. Esther et Vanessa s'indignant que nous portons plus de soin à nos bicyclettes qu'à l'entretien des voitures familiales. A la maison, le sol est tellement propre qu'on pourrait manger dessus. Le vélo l'est tellement, qu'on pourrait le ranger dans la chambre.

C'est qu'à force de passer du temps dessus à rouler (136 heures de janvier à août 2018) et à le bricoler (beaucoup quand on n'est pas doué ...), on noue une relation particulière. "Tu as tellement borné avec lui que tu en connais les singularités et les réactions" ; écrivais-je à Justine, me faisant part d'une de ses inquiétudes de future finisheuse : la chute sous le crachin danois.


Que dire alors de son premier vélo ?

.... de mon premier vélo triathlon?

Je me souviens, comme si cela datait d'hier*, de la première fois où je l'ai enfourché. C'était lors d'une sortie bucolique avec Ben et Mél**, le long de la vallée de la Seine. A l'époque, je roulais avec mon VTC bleu. Celui-là même, dont je remplaçais les freins et la selle, l'année dernière. Ben me proposais alors d'échanger nos montures, pour que je puisse monter et tester la sienne. Je parle toujours de vélo, hein ? 

Bref, on a pas mal de points commun avec Benoît, parmi lesquels la taille, qui me permit de tester son vélo avec ses chaussures. En effet, les pédales "automatiques" nécessitent des cales (de chaussure), adaptées à la marque. Un peu comme les cordons d'alimentation des téléphones et des PC. Passé l'appréhension du clipsage, je m'élançais et trouvais des sensations absolument grisantes.

Quelques semaines plus tard, Ben me prétait vélo et chaussures, la veille de mon premier triathlon : le format "découverte" de Bois Guillaume. Cela permit une chouette virée avec les copains, qui allaient également s'essayer à la discipline : Willy et Stéphane.

- Ca a été ?
- Oui, Ben, c'était top. On voit la différence avec le VTC.
- Tant mieux, tu l'auras demain ! Je te le prête car je ne fais pas la compét'. Profites-en bien.



Et j'en ai bien profité ! Je me suis ré-ga-lé. Le destrier a été pour beaucoup dans le plaisir que j'ai pris à réaliser mon premier triathlon ; mais pas - et jamais - autant que les copains et l'ambiance. Surtout, dites-moi si je me répète d'un billet à l'autre avec l'importance que j'attache à l'entourage dans la compétition, hein ?

Le mois suivant, je fêtais mon 30ème anniversaire. Par la fenêtre des toilettes, j'aperçus David s'empresser de l'apporter dans la salle à manger. Quelle "surprise" ! Super cadeau commun ! Ma chérie l'avait racheté, d'occasion, à Ben. Il avait cru bon d'y ajouter un prolongateur afin que, écrivait-il, je rentre ainsi dans la tribu du triathlon. Voilà, le virus était définitivement installé, même si je n'en avais pas encore autant conscience.

C'était en 2006. Il me permis ensuite de réaliser de belles épreuves. Je songe encore à mon premier "longue distance", au Doussard, en 2009. Nager dans le lac d'Annecy, rouler en moyenne montagne, avec une seule descente technique, avant de courrir sur un parcours pédestre varié et terminer devant celui qui m'a donné le virus : quel pied ! Sur cette lancée, je devançais Antony LEROY sur le Duathlon Longue Distance de Saint Pierre des Fleurs en 2010. Si, si : Antony LEROY. Il faut dire que j'avais fier allure avec ce vélo et la roue à bâtons à l'arrière !

L'histoire ne dit pas que Tony ne faisait pas encore de tri à l'époque et qu'il s'était inscrit, après une soirée joyeusement arrosée. Mais l'histoire dit qu'il s'est à nouveau qualifié pour les championnats du monde Ironman 70.3. Il pourra se servir de cette anecdote auprès des athlètes, qu'il coache : "tu vois, j'ai démarré avec un niveau loin de mes performances actuelles : le travail paie". Evite quand même de leur dire "je me faisais même battre par Etienne, c'est dire mon niveau pitoyable et que rien n'est jamais perdu", hein ? Chouette souvenir en tous cas. Car bien au-delà de cette pseudo performance, c'est bien la complicité du moment qui primait ... au risque de me répéter.


Et puis, je l'aimais bien pour sa singularité, ce vélo. "Le vintage", comme le désignait Darnan. Cadre alu et roues de "650" : il n'y en a  pas deux  comme ça dans le parc à vélo ! Ce dimensionnement de roues justement. Elles sont plus petites que les "700", que tout le monde utilise. Un confrère s'entraîne encore avec ce type de matériel. Mais je taierai son nom, de crainte qu'on m'accuse de renvoyer trop souvent vers son blog ... Virenque a fait sa meilleure place au Tour de France grâce à de telles roues, entre autres ...

Mais ce vélo a fait son temps. Depuis 2012, j'ai monté, non sans mal, le vélo de contre-la-montre, que j'utilisais encore "hier" sur la Triskel Race. Il est bien plus performant sur les parcours peu ou pas valonnés. Surtout, le chrome de mon fidèle 650 laissait entrevoir une fissure et une certaine fragilité du cadre. C'est bien normal après toutes ces années de bons et loyaux services. La raison et la sécurité devant l'emporter, je l'ai remisé dans la cabane de jardin après cette ultime sortie, effectuée à quelques jours de l'Ironman de Vichy.

C'était en 2017. Plus d'un an s'est passé depuis. En la rangeant, Vanessa s'interrogea.
- Tu comptes vraiment encore t'en servir ?
- Euh, non ...
- ....
- Bon, je vais le démonter et lui dire au revoir


Voilà l'opération réalisée. Reste du scotch résistant à l'endroit de la faille et le pédalier monobloc d'un autre temps. Nicolas reprendra peut-être les cocottes. Le reste sera vendu au Trocathlon ou chez un brocanteur ... Oui, je l'aimais bien mon vintage.



Cette décision n'a pas été facile a prendre, mais elle était nécessaire : me séparer de mon fidèle compagnon ...


... mon premier vélo de triathlon.


La décision suivante fut plus aisée, tellement elle était évidente : m'aligner sur mon deuxième Ironnman avec un compagnon des plus fidèles :

... une vraie (belle) personne : BipBip

Oups, contrairement à ma promesse précédente, je viens de mentionner son nom. Mais c'est pour la bonne cause, et la raison pour laquelle vous n'êtes pas prêts de finir d'entendre parler de lui ... et de sympathiques petits hommes verts, qui se rendront également à Copenhague avec mon métronome, alias Vincent.




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*Pardon pour ces propos introductifs, dont je ne me lasse pas et qui nous renvoient vers mon billet du 5 avril

**Mél est le diminutif de Mélaine, la future femme de Ben. Un peu comme pour "Quenotte", on l'utilise tellement qu'on en oublie parfois le prénom initial. Si bien que mes filles m'ont longtemps demandé : c'est qui ton copain "Bénémel" ?

1 commentaire:

  1. Une page se tourne... C'est bien triste...
    Le mien est toujours en super état: j'ai démonté le cintre aéro pour un cintre classique... il me servira lors de Triathlon Drafting si je dois en partager un avec mes bolides... J'ai souvent pensé à m'en séparer, mais, je n'y arrive pas. Faudrait vraiment que je tombe sur une super occasion en 700.
    Raté ton coup de fil ce soir... Partie remise.

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