lundi 3 août 2020

Vélosophie

 

Pour la première fois depuis bien longtemps, nos vacances d’été ne coïncidaient avec aucune préparation d’échéance sportive. J’ai donc profité de ce désœuvrement, très relatif, pour effectuer ma coupure annuelle.

 

L’occasion pour moi, de « faire le plein », comme le concluait mon dernier billet ; fortement inspiré de précieux moments de complicité avec mes chéries. D’être à leur écoute ; plutôt qu’au service d’une programmation, nonobstant nécessaire à la performance. L’occasion de dévorer des lignes, plutôt que des bornes à vélo.

 

A la relecture consciencieuse d’un bouquin de préparation mentale, s’ajoutait celui de Guillaume MARTIN : cycliste de très haut niveau chez COFIDIS ; et non moins talentueux écrivain. Il se classe, en effet, 12ème du Tour de France 2019. Quant à son premier ouvrage, il est traduit en mandarin et se classera aisément dans mon Top 10 de l’année. Cela dit, il y avait bien moins de concurrence au départ du dernier classement que du premier …

 

C’est à se demander par quel miracle, j’ai obtenu mon Bac Littéraire. « Grâce » au sport et à la philo, pourrais-je m’enorgueillir. C’est statistiquement vrai, puisqu’il s’agit de mes meilleures notes. Mais absolument discutable, car vous savez que je n’y ai pas fait d’étincelles : 13 en sport, comme je l’indiquais dans mon compte-rendu de l’Ironman de Copenhague ; pour 12 en philo, au rattrapage. Et étymologiquement biaisé. Est-ce vraiment la matière qui donne le diplôme ou celui-ci la révèle-t-il, d’une certaine manière, en la classant avec les autres ?

 

Pour « le sacré cérébral » que je suis, dixit Romaric, Socrate à vélo m’a vraiment régalé. J’ai adoré y dénicher les références feutrées au cyclisme comme à la philosophie, comme autant d’occasions de connivence avec Guillaume.

 

Sans vouloir vous en dresser une fiche de lecture studieuse, ni vous le spoiler, je voulais vous en partager deux passages marquants. Me les inscrire également par ce blog, comme sources de motivation pour le moment M du jour J. Tel en est, en effet, l’objectif depuis sa création: mieux me connaître, pour mieux me dépasser. Et si, d’aventures, quelques billets et formulations vous plaisent, je ne suis jamais contre des félicitations !

 

En partageant le cheminement et les interrogations de Guillaume MARTIN, j’y pris d’abord pleine conscience d’un facteur limitant de ma performance. Il est plus d’ordre culturel que psychologique ; et encore moins sportif. Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai grandi dans une famille chrétienne, très pratiquante. L’attention au prochain y était omniprésente. Or, il faut une certaine dose d’égoïsme pour gagner seul. Elle est explicitement incompatible avec les valeurs familiales. Quand bien même je prenais mes distances avec la religion, cette image du compétiteur était ancrée en moi. Ce compétiteur, ce « quaterback du lycée », est aussi hautain qu’égoïste. Loin de « l’être » auquel j’aspire. Cet hédoniste qui prend autant de plaisir à franchir une ligne d’arrivée, qu’avec les copains qui l’ont accompagné dans l’aventure.


Alors, comment s’embarquer dans une posture « prétentieuse » pour aller chercher Sub11 ?

Sacré paradoxe. Tout autant que celui que souligne Guillaume MARTIN ; selon lequel, les valeurs véhiculées par le sport ne sont pas toujours compatibles avec celles de celui qui le pratique. On ne devient pas champion olympique en étant solidaire et concourant juste pour le plaisir de participer ! De même, cette culture de la gagne, intrinsèque à Quenotte et BipBip, ne les empêche pas d’être des chouettes mecs.

Alors … Alors ? Guillaume MARTIN en appelle à l’un des philosophes les plus pédants et individualistes qui soit : NIETZSCHE. Oui. L’athlète nietzschen aspire plus que tout à la puissance et à devenir ce sur-homme : l'Übermensh. Et oui, pour cela il faut battre, voire écraser tous ses adversaires. Mais ce qui le guide, c’est « aspiration irrépressible à croître […] Le concurrent est tout simplement celui qu’il faut battre pour s’affirmer ».

Sacré coup de maître Guillaume ! Espérant que tu en réaliseras d’autres, dans quelques semaines sur les routes du Tour. Me voilà donc décomplexé : j’irai donc chercher le Sub11 pour mon « ego ». Non pour le flatter, mais pour continuer à l’affirmer !


Cette approche philosophique, guidera sans nul doute mon approche du Gelreman 2021. Il lui fallait un pendant concret pour le « pendant » (la compétition) ; justement. Un de ces leviers à déclencher, lorsque le monstre du marathon se fera plus menaçant. Un ancrage ou un slogan.

Comme tout bon mot, il est bien délicat de l’expliquer et c’est même souvent contre-productif. Je vous invite donc à lire le livre et mieux apprécier, dans quel contexte il est employé. Je m’y essaie néanmoins. Jean-Paul Sartre, coach de l’équipe de France, tente de remobiliser Anquepil, qui manque de jus ... Je me revois immédiatement, en train de subir et de marcher sur le marathon de l’Ironman, comme beaucoup.

« 

Mais peu importe l’essence ! Tu en trouveras plus tard, de l’essence, quand tout sera fini [ndlr : c’est absolument vrai car nous observons toujours ce regain d’énergie à l’approche de la Finish Line]. Ce qui compte au moment présent, c’est la liberté d’agir […] Mais ne vient pas me dire que tu n’as pas d’essence, car alors, je te rétorquerai cette grande vérité :

L’existence précède l’essence

Rien n’est écrit tant qu’on n’a pas agi

»

 

Nul doute que la boutade apparaîtra sur ma cartographie mentale d’avant-course. Il est probablement possible alors que j’entende Sartre et Diogène me l’aboyer, lorsque j’entrerai dans mon « trentième rugissant ».

«Bordel de merde ! », comme s’exclame David MERCHAND  : j’adore ce que l’Ironman m’apporte comme révélations, en le préparant.

« Pas tant Autant la performance que le chemin qui nous y amène  ».

 


 

 

 

 


2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  2. Sympa. Je te souhaite vivement d'atteindre ton objectif. Sub 11 ne sera pas aussi facile que le Sub 12. J'enfonce une porte ouverte, mais gagner 45mn désormais sur ta meilleure marque sera une marche bien plus haute que la marche d'1h15 que tu as déjà gravie à Copenhague. Le défi est de taille, mais si ça peut te sur-motiver, alors 50% du chemin est déjà accompli lorsqu'on en est convaincu... Il te reste donc les derniers 50% qui sportivement nécessiteront beaucoup de sérieux, d'application.... Prépares toi bien, et si facteur supplémentaire, les planètes sont alignées, alors why not ? La barre est haute, mais à coeur vaillant, rien d'impossible. 😜

    RépondreSupprimer