
Que ceux qui se demandent à quoi correspond ce titre ne s'inquiètent pas ! Je ne joue pas à la bataille navale et ne fait pas de mathématiques avec mes filles ;-)
C'est juste qu'à J-10, date de la dernière grosse sollicitation physiologique d'un programme d'entraînement bien calibré, il est bon de se projeter mentalement dans la compétition. Dans 10 jours, je m'alignerai avec Quenotte sur le Trail de Montigny, dont je relie le compte-rendu.
Ma dernière participation remonte à 4 ans : à N-4 donc. Ma prose d'alors était centrée sur le thème du dossard. Étrange coïncidence avec mon dernier article, dont je viens de m'apercevoir*. La boucle est donc bouclée ! Récit :
"
Ça fait plaisir de remettre un dossard !
Ce titre de SMS pour répondre à Fred-BipBip sur mes impressions de course ce lundi à 18h15. Pensée hyper positive en descendant les marches de la salle des fêtes de Montigny, la veille à 9h25, avant d'aller m'échauffer pour ce trail local. Car épingler un dossard n'est jamais anodin. Oh certes, on n'est loin de ces gaillards pleurant comme des madeleines à la remise d'une "cap" de l'Equipe de France de rugby. Mais je frissonne toujours, que ce soit pour une course au saucisson ou une compétition-objectif. Si ce n'était pas le cas, je ne serai pas licencié comme la plupart d'entre vous, non ?
"Ca fait plaisir de remettre un dossard"
Je
pense évidemment à celui que j'ai jeté,de dépit, à l'issue de ma dernière course
de la saison 2011-2012. Mais, je pense aussi à ceux qui ne peuvent pas le
mettre aujourd'hui ; dans le meilleur des cas, car le médecin leur a demandé
l'inconcevable: "arrêtez-vous de courir au moins tant de mois" (Sic
!). Je pense que je suis en bonne santé, accroc au sport et chanceux d'être
ici. Pensée similaire à celle que j'ai au moment de présenter mon bras lors
d'un don du sang alors que beaucoup n'ont pas ou plus le droit de le faire.
"Ca fait
plaisir de remettre un dossard" …
... mais avec un écureuil, c'est encore
mieux ! Fred-Quenotte est venu partager les joies de la forêt domaniale,
jouxtant la maison dans sa tenue d'hiver : les assidus du FIT** comprendront J. Petite frayeur,
car il n'est pas aisé pour nos 2 formats de poches de se retrouver dans une
mêlée plus 500 runners (notre 11 K démarre avec le 19).
Durant
cette première partie de course, je me suis épinglé le dossard de meneur
d'allure pour Fred. Il est visiblement parti trop fort la semaine dernière,
caractère de sprinter oblige. KO physique et moral pour lui le dimanche
après-midi. Je me fais donc un devoir de l'accompagner sur les premiers kilos …
d'autant que ma séance du mardi (répétition d'allures de course) m'a rapidement
fait comprendre que je ne ferai pas d'étincelles aujourd'hui. Autant concilier
l'utile à l'agréable dans ce cas ! Ma Quenotte suit bien pour le moment.
Opinant du chef lorsque je me retourne, prenant ses virages à la corde comme un
cycliste, pour gagner quelques mètres. "C'est
bien, on reste comme ça". Je m'efforce de garder la même allure malgré
les concurrents à dépasser ou nous dépassant. Au détour des virages, je vérifie
qu'il est toujours dans le coup. Au bout de 20-25mn, je rattrape un collègue de
"Fred". On parle de "Fred" 3 mn, avant que je comprenne
qu'il ne parlait pas de BipBip mais de Quenotte. Pourtant les questions et les
réponses qu'elles amenaient étaient similaires. "Dommage qu'il ait bâché à la dernière course", "il a pris du poids", "un type super", etc. Je reste donc
avec Ludo pour en savoir plus sur Fred (Quenotte donc !) et lui servir de point
de mire : il aimerait finir devant Ludo cette fois.
Après
32 mn, suite à une légère relance boueuse, je prends 5 m d'avance à Ludo mais ne
voit plus Fred. Aurait-il décroché ? L'histoire m'apprendra que c'est peut-être
à ce moment qu'il s'arrêtera "pour
cette satané pause pipi". Peu importe ! Il faut rapidement résoudre
notre fameux dilemme : "Attendre le
copain ou partir et faire sa course devant". Dans les 2 cas, le
respect de celui-ci nous guide. Sachant que j'ai respecté mes engagements
jusque là ; qu'il reste encore une petite moitié de la course ; et que le FIT
ne saurait souffrir d'arriver à nouveau derrière le fameux Ludo, la décision
est évidente ! Je relance juste assez pour le lâcher et en garder sous la
semelle avant la difficulté du jour : un mur de 100m de dénivelé. De quoi faire
rire nos amis montagnards, mais frémir les normands.
Petite
déception au pied de la bosse. Elle est beaucoup trop importante pour la passer
en courant, comme je le fais sur un autre de ses versants goudronnés. Je marche
mais me rebelle. J'avais prévu de faire l'effort à partir d'ici et je le ferai.
Je me penche, pose mes mains sur mes cuisses et démarre mon effort. Je rattrape
3 types devant, discute avec eux gaiement … avant de prétexter le photographe
en haut de la bosse pour courir. J'en mange 2 par la même occasion. Reste +/- 3
km à parcourir. "Ne t'affole pas",
"on n'est pas encore arrivé"
… "de toute façon, je suis dans le
rouge donc je n'irai pas plus vite".
Cette
fois, je connais mieux les chemins qui nous sont proposés. Je me régale. Les
jambes répondent bien. La ceinture porte-dossard (pour revenir au fil
conducteur de ce CR) me gêne un chouïa. Je la redescends donc sur mes hanches.
5 types devant. Je n'arrive pas à les rattraper. "Ils sont aussi morts que toi !". Je m'accroche à cette pensée
et à mon souhait de progresser mentalement. Les courses courtes sont faites
précisément pour cela : terminer à l'arrache et gratter des places. Pour le
long, c'est une tout autre histoire … Je profite des virages pour relancer et
les dépasser un par un. Plus personne devant. Il faut que j'asseye mon avance.
J'ai le souffle court. Je voudrai m'arrêter, mais je sais qu'il ne me reste
plus que quelques hectomètres. Ça semble gagné dans la descente. "Je remonte ma langue et ajuste ma posture
déplorable" : une bonne habitude prise avec Jean-Jacques à Belfort.
Dernière virage ; 30 m de l'arrivée "ça
revient derrière" me préviennent les bénévoles à l'arrivée. Peine
perdu, un jeunot m'enrhume. C'est plus de mon âge tout ça !
68ème/246
en 56:22 ; le 1er en 42:53 et Quenotte (n°199) à une très encourageante 89ème
place (sur le 1er tiers de cette petite course alors qu'il termine à la médiane
la semaine dernière) !
* A la réflexion, il n'y a rien d'étrange à s'émouvoir à la reprise de la compétition à cette période, tant les jambe brûlent !
** Le FIT ou Free Iron Team hébergea longtemps des licenciés mordus de triathlon, mais ne pouvant pas le pratiquer dans le cadre d'un club : les écureuils. Mais ça, c'était avant ! Avant que la Fédération Française de Triathlon ne souhaite obtenir plus de compensations financières comme elle le fit avec le Duathlon de Montigny. Les deux, et l'esprit génial qui les animait, ont disparu avec mon respect pour cette structure devenue trop "parisienne".