lundi 18 juin 2018

Sport collectif ?


La Coupe du Monde de Football vient de démarrer et je ne cesse de m'interroger :
Ci-dessus, la vision que j'avais après un avoir arrêté un tir
" Qui du football ou du triathlon, est le sport le plus collectif ? "

Comme beaucoup, j'ai pratiqué le football étant gamin. Je garde un souvenir nostalgique de nos maillots dépareillés du CSM (Club Sportif de Manéglise) et du champs de pâquerettes, qui servait de terrain. C'est surtout ces parties interminables que l'on partageait avec Denis, Guytou, Guillaume et bien d'autres qui m'ont marquées. On s’efforçait de "jouer à la brésilienne". Nous formions "la Dream Team".  Le rondouillard n'était rien sans les autres, comme un attaquant sevré de ballon. La seule chose qui pouvait nous séparer, c'était le coucher du soleil.


Oui, c'était vraiment un sport collectif. Je ne m'aventurerai donc pas à disserter sur ces nouveaux comportements individualistes des professionnels, exacerbés par leurs agents et les annonceurs. Point de footballbashing, car d'autres le font déjà très bien ; en atteste l'illustration précédant mes propos. Je me note juste que l'attaquant s'est accompli en inscrivant le but victorieux ; comme le rondouillard "est devenu quelqu'un", en lui délivrant la passe.

Et je me note juste que ... décidement, je n'arrive pas à concevoir le triathlon comme un sport individuel. Pourtant, la définition objective de ce sport le caractérise comme tel. Mais, rien qu'en observant une épreuve, on en notera toutes les exceptions.

Cela commence dès le parc à vélo. A l'approche de la sirène, les triathlètes se regroupent par club. Et ceux qui n'en ont pas, s'empressent autant de trouver d'autres compères. Un instinct grégaire pour mieux masquer ses craintes. Souvent, c'est le souhait de "ne pas se rater". C'est parfois la peur de l'inconnu. Dans tous les cas, ce sont les mêmes symptômes que je décrivais en songeant au Marathon de Paris. Dans tous les cas, on est content du réconfort qu'apporte le groupe, comme de la chambre à air ou de la deuxième paire de lunette de natation qu'apporte le collègue, quand on vient de casser la sienne.

Ca se poursuit dans l'eau. A mes amis ! Malheur à celui qui nage seul ; performance à celui qui profite de l'aspiration du groupe. On parle beaucoup du phénomène de drafting en vélo. On a l'équivalent en natation : effet garanti ! Le top restant les jambes de Caro ... en tout bien tout honneur, comme je l'écrivais en relatant le triathlon par équipe de Caen en 2014 .

C'est vrai que sur le vélo, la réglementation et les arbitres nous invitent à rouler seuls. On n'aperçoit que très peu les spectateurs. D'ailleurs, je n'en veux jamais à mes chéries de ne pas assister à cette partie de la course. Poiroter deux heures pour voir son chéri passer deux secondes, ce n'est pas ce qu'il y a de plus rentable.

Mais sur la course à pieds, quel pieds ! Une solidarité rare se créée entre les concurrents. Nombre de théories, de sociologie ou de sciences politiques, arguent que les liens du groupe se renforcent avec l'adversité. Nombre de triathlètes et de runners vous confirmeront qu'ils retrouvent cette corrélation, entre l'esprit de course et la distance parcourue. Mais plutôt que des mots, une photo datant de près de quinze ans, que je voulais vous présenter depuis longtemps. C'était mon premier marathon. Le théorème de Martin n'avait pas été formulé. Les derniers hectomètres me semblaient interminables ; la ligne d'arrivée, inatteignable. Dans ce blog, je souris et évoque les réussites. A cet instant, j'étais prêt de la rupture lorsque j'entendis ces mots, que je n'ai jamais oubliés. "Allez, viens copains". Un coureur anonyme ; un temps anecdotique ; des propos scellés à jamais dans mon esprit, comme ma passion pour le long depuis. Car derrière le photographe, se trouvait ma première finish line :  "Merci copain !".



Et des inconnus sympas, on en croise aussi à l'entraînement. Samedi 9, je m'engageais pour faire mon premier "100 bornes" depuis bien longtemps. Une pointe d'appréhension et de soleil en cet après-midi de juin. Sur la route de Duclair, il y a toujours un feu. C'est un point de régulation de la circulation depuis l'effondrement de la falaise. C'est aussi un rendez-vous improvisé de cyclistes. En effet, beaucoup empruntent cette route et le feu est bougrement long. Cela étant les chances d'en trouver un sympa, de ton niveau, qui collabore et s'est fixé un objectif similaire au tien, sont assez faibles. Samedi 9, les conditions étaient réunies avec Arnaud, ironman (Nice), Embrunman et pompier à Canteleu hypersympa. "Merci copain".

Une de ces chouettes rencontres à l'issue desquelles on se quitte sans la certitude de se revoir ; mais avec celle d'avoir passé un excellent moment. Comme avec Nicolas, l'ultra-trailer que je revoyais un an après notre première rencontre.

Et ces échanges, on les trouve aussi à la piscine au bout des lignes d'eau. On y vit des moments assez singuliers. Vanessa étant peu jalouse et avisée de cette anecdote, je vous la livre.

SMS de Romaric vendredi.

- Une nageuse a déposé une lettre pour toi ...
[Tiens ? Je suis affûté, mais pas encore au top. Est-ce la moustache qui fait des émules ?] 
- ... La jeune fille qui fait Copenhague

C'était évident. Bien plus que ces pensées, complètement factices, que je vous livrais pour les besoins du récit. J'avais en effet proposé à Justine comme à d'autres nageurs un training à Jumièges le 1er juillet, pour compenser la fermeture de la piscine et prolonger nos échanges. Si ces propos vous ont fait sourire, ceux - véridiques - que me livraient ensuite Romaric devraient vous plaire aussi. Il me raconte la scène.

Justine vient le voir.

- Bonjour, vous voyez qui c'est le monsieur qui a fait l'ironman ?
- Oui : le tout petit ! C'est Etienne.
- Ah, c'est bien lui. Je peux vous confier ça pour lui ?

...

Plaisanteries mises à part, j'en arrive donc à ma conclusion. 

Dans le triathlon, j'ai retrouvé cette confiance dans le collectif, que j'avais appréciée dans le football et dans la musique.

Dans le triathlon, j'ai trouvé cette confiance en moi, à laquelle la paternité m'avait donné accès.

Rien de collectif, que du personnel, dans cette dernière assertion ; confortant l'aspect individuel de cette discipline. Je ne peux alors m'empêcher de vous partager ce poème, que Solène m'a écrit pour la Fête des Pères

Papa,
Promis, tu l'auras ton gâteau avec du nougat
Ta dernière compétition* restera dans ma mémoire avec son A
Tu nous aimes tous : Maman-Vic et Tina
Tu es mon super héros, plus fort que captain américa




PS : je n'ai même pas cité mes copains d'entraînement (et pas que ...) ; tellement ce collectif était une évidence !
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* l'Ironman de Vichy 2017 !




3 commentaires:

  1. C'est un bel article que j'ai relu trois fois... parce qu'il a son pesant de vérité... de tous ces gars ou filles qu'on ne rencontre qu'une fois et qu'on a l'impression de les connaitre depuis longtemps : parce qu'ils sont comme nous, avec la même approche...
    Comme tu le dis: le collectif est tellement vrai quand on s'encourage dans le dur... une phrase dite au bon moment, et çà repart, comme un Mars !
    Merci Etienne pour ce bon moment de lecture...

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  2. Elle fout les boules ta fille.
    Vel article , je suis à 100% d accord avec toi.
    Boujou.

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  3. J'ai une baisse de régime et ton article me remet un coup de pied aux fesses

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