10 ans déjà. Belfort : le longue distance et le ballon d'Alsace, où je laisse mes jambes.
10 ans déjà ; que j'arbore le polo de finisher, de temps en temps.
10 ans déjà. Ces leçons, qui doivent me servir dans un avenir très proche.
10 ans déjà. La perspective d'un Ironman® était lointaine. Songer que je serai en passe de franchir une 4ème Finish Line ; inimaginable.
10 ans déjà, que je vous abreuve de mes récits. Alors, le voici !
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LD Belfort 2012
Leçons de choses
N'y allons pas par quatre chemins. En écrivant "leçons",
j'emploie un euphémisme tant la limite entre leçon et correction est ténue …
Tout avait pourtant bien commencé ce vendredi 1er juin. Le cadeau de
Mél qui arrive pile à l'heure, le trajet en voiture avec JC et ma Douce. Et,
pour couronner le tout : l'accueil "Spécial Monnier". Inès, Arnaud et
leurs 3 enfants, tout aussi chaleureux, assurent le gîte et le couvert pour une
joyeuse bande, désireuse d'en découdre avec le Ballon d'Alsace … surtout très
heureuse d'avoir trouvé un prétexte pour se retrouver ! Maison ouverte, pâtes
cuites à souhait … : ils sont à nos petits soins et pour beaucoup dans la
réussite de ce WE. Il faut croire que les Miss Monnier savent recevoir et qu'elles
transmettent ce savoir-faire à leur mari !
Samedi matin, c'est un peu moins la joie. Je me réveille aux côtés de
Vanessa, qui m'a accompagné, et un peu vasouillard. Ces deux éléments n'ont
rien à voir, je le précise J
! Les maux de tête accompagnent l'appréhension de la course. Et je ne parle que
du haut … J'avale à peine un thé et quelques "biscuits sport". Du
gâteau trop cuit quoi ! Faudra que je prenne des leçons de cuisine auprès de
Caro. Willy a hâte de faire son 1er long. JC son dernier avant une petite
pause. Tout ce petit monde suit les consignes de Ben, qui nous amène à
rejoindre Yohann et Laurent. Arrivée sur site à 9h30. 1h30 avant le début de la
course. La marge classique pour être serein …
… sauf qu'on est 6 et qu'il faut ajouter 5-10 mn par collègue pour palier
aux inerties afférentes aux arrivées groupées. 1ère leçon ! Du coup, on fait
partie des "30 derniers concurrents qui doivent poser leur vélo" et
des centaines qui parviennent difficilement à comprendre ce qu'ils doivent
faire avec leurs sacs poubelles. Malgré les explications des bénévoles supers
sympas, c'est un peu la panique dans le parc. Lorsque je dépose mon matos, il
n'y a plus personne. Je suis un peu dégoûté car j'aurai bien voulu papoter avec
les membres du FIT et, particulièrement Christophe. Mais va retrouver quelqu'un
dans toutes ces combards noires agglutinées sur la berge !
Pas le temps de manger comme d'habitude. Mais, 2ème leçon, comme j'ai
fait plus attention sur l'accumulation de glucides (surcompensation, malto à
J-1 et j'en passe) ; ça le fera bien. En revanche, l'hydratation ne permet pas
les mêmes stratégies. Tout ce que tu ne bois pas aujourd'hui, tu en souffriras
demain !
Avec JC et Ben, on s'est placé à l'extérieur pour éviter la baston, si
tenté que cela soit possible à 1 000 participants ! Dernières accolades avant
le départ : un pur moment d'amitié ! "Take It easy". Avec ce trafic,
ce n'est pas aujourd'hui que je claquerai une perf. J'ai encore moins envie de
ma claquer les doigts ! Alors, j'essaie de nager propre pour moi et les autres,
conservant quelques distances de sécurité bienvenues. Natation donc très cool,
trop ! Deuxième tour bouclé en 20'24 pour un temps total sous les 40 : il est
temps que je me réveille ! Certes, je gagne 5mn par rapport à l'Half de Val de
Reuil en 2011, mais je suis devenu exigeant.
Transition longue. Difficile de chercher casques, lunettes et autres
matos nécessaires à la partie vélo dans un sac poubelle. Expérimenter les
transitions en sac : c'est une leçon à garder pour un Ironman, non ?
Départ vélo prudent. Ralenti par la perte de mon matos de réparation.
Je l'avais mis dans mon bidon ouvert pour caler le boyau, que j'avais perdu il
y a 2 semaines … mais pas testé cette nouvelle config avant la course. Ah, je
ne vous ai pas dit. Je n'ai pas retouché le vélo depuis Evreux. Juste 2 séances
de vélo d'appart pour ne pas perdre … alors, à votre avis, leçon ou correction
pour la suite ? Donc, après avoir ramassé mon matos (pour éviter une chute
probable à l'arrière, vu l'étroitesse de la route et des distances entre les
concurrents lancés à vive allure), j'étais rejoins par Willy. Vexé, je le
gardais en ligne de mire, ne parvenant pas à recoller à cause de ces satanés
petits virages en descente que je n'apprécie guère. Finalement, je le quitte
avant le km 20 après lui avoir demandé quel maillot du tour de France il
choisissait, faisant référence aux sculptures florales sur le bord de la route.
Et bien, je choisis pour toi Willy : le dossard du plus combatif ! Il terminera
les 25 derniers km en vélo sur la jante. La faute à un pneu d'une marque
régionale, pourtant … Bravo Willy ! Tu es finisher de ton 1er LD et de superbe
manière ! Belle leçon de sport que tu nous as offerte là.
Le km 20 marque également le moment où je dépose JC. Putain, fait chier
: c'est de plus en plus tôt. Un encouragement et je déroule avec un plaisir
croissant. Après le ravito du 40, la course et les pelotons se décantent enfin.
Inutile de vous dire qu'avec nos arbitres normands, il y aurait eu des embouteillages
dans la zone de pénalité … Km 50, je dépense des concurrents, je suis
euphorique ! Tiens, faudrait peut-être que je pense à reboire un coup, ne
serait-ce que pour alléger ma gourde. D'autant que le soleil tape … J’avais pas
lu un truc sur le sentiment trompeur d’euphorie ?
Démarrage de l'ascension km 60. Je me sens toujours aussi bien. Trois
premiers km avalés en montant de deux dents par km. 17-19-21. 23, 23, 23, 23 ?
Mais bon sang, pourquoi ça ne passe pas sur la 25 ? Il me restait encore 2 « vitesses ».
J'avais pourtant vérifié les réglages avant l'entrée au parc :s. Va donc
falloir faire avec. Et ce sera dur, très dur. A une fréquence de 40-50 tpm,
loin pour autant de signifier "en force". Pour preuve, je réalise le
685ème temps de l'ascension du ballon : ce n'est pas que je me considère comme
grimpeur mais avec un vélo, des roues et un gabarit de poche, ça vexe ! Pire,
en haut je me surprends à déchiffrer une pancarte tendue par un bénévole. « "E"-"A"-"U",
mais qu'est-ce que çà peut bien vouloir dire ? » Il est vraiment temps
que je fasse quelque chose ! J'abandonne mon bidon et ma boisson énergique
maison. Ecœurante à ce moment, mais qui m'avait bien convenu lors de mes
longues sorties d'entraînement normandes … par 14° maxi. Leçon plutôt logique :
je ne bois pas la même chose en hiver qu'en été ; apéro et vins en premier
lieu ! Mais c'est une autre histoire. Je profite donc de l'E-A-U pour m'en
asperger le visage et amorcer ce que j'appréhende le plus avec le soleil : la
descente du ballon. Finalement, après m'être arrêté après le 3ème lacet pour fermer ma trifonction, puis
avoir été dépassé par un peloton d'une bonne vingtaine d'unité, ça passe sans
stress (sans être rapide). Retour vers Malsaucy sans trop appuyer. Je sais que
ne suis plus dans mes objectifs. Reste à garder les forces que m'aura laissé le
ballon pour faire une bonne course à pied.
Je passe ici sur la leçon de transition et la recherche de sac. Episode
rapidement effacé dès que je perçois les encouragements de Vanessa et Mel. Je
m'élance confiant. 1er km bouclé en 4mn30. Bizarre, je pensais que çà grimpait
plus. Ça s'annonce plutôt bien … mais rapidement le coup de cul, sous le
cagnard, arrive. Impossible d'avancer. C'était trop beau. Les symptômes
s'accumulent. Ne pas avoir encore eu avoir à faire de pause pipi prend tout son
sens. Le coup de chaud. Celui que je redoutais. Celui que j'ai eu sur mon
dernier marathon, c'est d'ailleurs pour cela que cela a été le dernier. Gérons
donc !
Je marche dans la bosse puis m'asperge 2X au ravitaillement du km 2 :
situé à 150 m d'un demi-tour, il offre l'avantage d'y passer 2X. Descente
tranquille. Passage dans la forêt en profitant de l'ombre et du moment. Je
boucle le 1er tour (<7km) en 35mn, limitant les dégâts. Je sourie à ma
petite femme en baissant le pousse pour lui faire comprendre que « Ça va, mais
je ne ferai pas d'étincelles et ne finirai pas devant Ben »
2ème tour : arrêt pipi de principe, mais vraiment histoire de … je
grimpe la bosse en courant et profite copieusement du ravito : flotte sur et
dans la gueule. Des concurrents me dépassent, mais je n'arrive pas à les suivre,
tant physiquement que mentalement (ndlr : en fait, à en juger par les
résultats, pas tant que çà, mais sur 3 tours, c'est toujours trompeur).
J'essaie de relancer, mais un début de crampe achève de me convaincre : je suis
cuit, dans tous les sens du terme. Mon corps ne cesse de m'envoyer des signaux
mais à la gentillesse de me laisser l'endorphine pour courir sans douleur. Les
images de mes filles m'accompagnent : "A pu piles Papa" : il va falloir gérer.
3ème tour : "Je garde des
forces pour ce soir" annonce-je aux filles. Pas question de leur faire
part de mes inquiétudes. 42mn pour 7 km, c'est vraiment la loose. Impossible de
courir dans la bosse. Vas-y tranquille. C'est mort pour la perf alors garde des
forces pour dans 3 semaines ! Belle auto-motivation, mais pas aussi forte que
celle qui va suivre. "Eh, on est
dans le même club !" : Christine m'attend et marche avec moi jusqu'en
haut avant de relancer. Ravi d'avoir fait ta connaissance, c'était sympa. Je
suis trop hagard au ravito pour la suivre. Genre le type qui se demande quel
verre d'eau choisir ! Au retour de ce ravito, je tape dans la main de
Jean-Jacques en l'encourageant : je sais encore lire les dossards ; tout n'est
pas perdu. Un bénévole me suggère de profiter du dernier tour pour ouvrir les
yeux et il a raison ! J'ai le sourire. Mais toujours pas les jambes qui
n'acceptent plus les relances. "C'est
sympa de m'avoir attendu !" chambre Jean-Jacques qui vient de me
rejoindre près du km16. Je cours à ses côtés, mais ne soutiens pas la conversation
très longtemps. Je lui dis de faire sa course, comprenant mieux ce qu'à vécu
Fabrice il y a près d'un an à Fains. Mais le Jean-Jacques est Ironman. Le
Jean-Jacques est donc têtu. Il m'attend, m'encourage et me propose de la
flotte. Plus d’arguments à faire valoir
fasse à temps de gentillesse. Pas le choix. Je n'en peux plus, mais je suis.
Nous voici sur le tapis bleu. L'arrivée est proche. Très pro, il
remonte ses lunettes et ajuste sa trifonction. Très mort, je remonte ma langue
et ajuste ma posture déplorable. Nous terminerons ensemble main dans la main. C'est
énorme. L'émotion m'envahit. Rappel de cet inconnu qui m'avait également permis
de boucler mon 1er marathon, dans un état bien plus déplorable, avec une grosse
envie d'y retourner (grâce à ce geste). Merci Jean-Jacques ! Ma femme a
immortalisé le souvenir … mais en vidéo, je te l'envoie par MP si tu veux.
Les retrouvailles avec Ben, vainqueur, sont classiques. Mais ce moment
de partage reste toujours agréable, surtout accompagné des flammeküeche et de
bière ! Prise de nouvelles de JC, qui a dû abandonner, de Willy-Warrior, de
Tony "le monstre" et de nos 2 acolytes. Je suis assez déçu de ma
course. Le polo de finisher (près de 175 concurrents ne seront pas classés) ne
compense pas l'absence d'une perf que j'espérais, aussi relative soit-elle. En
en discutant avec Ben, issu du même métal que moi et probablement que Willy, je
résumerai ainsi "Après tout çà,
terminer une épreuve n'est plus un principe, c'est une certitude". Il
va donc falloir que je me remette vite à la tâche si je veux terminer mon
prochain LD plus dignement dans 3 semaines, au Havre.
Les résultats ne pourront être que meilleur que cette 661ème place (/
1000)
Nat : 584ème temps en 40mn > aurait pu mieux faire
Vélo : 661ème en 3h20 > le ballon, ça pique en 23
Cap: 677ème en 2h06, en positiv split à tout point de vue (entre les
tours et les disciplines) > incroyable
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