jeudi 1 juin 2017

Form’Olympique



Pour ceux qui ont peu de temps ou peuvent me trouver trop littéraire, voici un résumé de mes réactions à l’arrivée du Triathlon, format Olympique, de Pont-Audemer. En voici la traduction, pour les autres :



2h32 ? …

Moi ?

Ils se sont plantés dans le chronométrage ou il me manque un tour de course à pieds ?

Beh, non ! J’ai (enfin) bien tourné. Arnaud avait bien raison « quand tu seras sur l’Ironman, tu ne te seras jamais senti aussi fort … » 


Pour le moment, j’occulte la dernière partie de sa phrase, histoire de ne pas gâcher mon plaisir : « … et c’est justement à cause de cela qu’il ne faut pas s’enflammer. Etre vigilant et en garder sous la pédale à vélo pour ne pas arriver trop entamer sur le marathon. »

Pour le moment, je savoure, en faisant une trempette salvatrice dans le plan d’eau.

Cela étant, à quelques minutes du départ, c’était plutôt "smiley-stress". L’émoticône n’existe pas, mais l’émotion était bien là. « J’ai le trac, Xavier. Heureusement que je me suis aligné sur ce triathlon avant Vichy. Je ne me souvenais plus à quel point on pouvait flipper ». Ses encouragements et ces mots me permettent de me concentrer. Si, je suis là, c’est effectivement pour retrouver les sensations et les gestes d’une compétition, comme me le redisait David, hier. C’est aussi pour expérimenter la course en pré-fatigue. Option validée par Coach-BipBip mercredi soir. Exercice (86 km de vélo) réalisé avec David, donc, le samedi matin. Heureusement qu’il était là. En le rejoignant après 1h de vélo, je me sentais fatigué. J’avais l'impression de ne pas pouvoir appuyer sur les pédales. Il faut dire que la semaine avait été chargée, notamment avec un enchaînement vélo-course à pieds, comportant des répétitions à allure de course, jeudi, pour une durée de 3h. C’est, bien entendu, bien plus que le temps que je réalise sur un distance olympique. Je n’appréhende donc pas tant la durée de l’effort, que le fait de le réaliser avec cette semaine de charge. Autre donnée : c’est le seul triathlon, que j’ai programmé avant Vichy. Il ne faut donc pas que je me rate ; perdant ainsi le capital-confiance, que je cumule depuis le début de ma préparation. Dernier objectif assumé : accrocher mon meilleur temps sur la distance : donc, passer sous les 2h40. Pas par prétention, mais pour me confirmer que mon entraînement va dans le bon sens, engendrant performance et tout en évitant la sur-fatigue. Une fois que je vous ai écrit çà, avouez qu’il y avait de quoi être un peu stressé par l’enjeu, non ?

La corne de brume m’extirpe de ces réflexions. Je suis serein. Après quelques décamètres, je perds les pieds de Xavier, mais je gagne les phalanges, les coudes et même le torse des concurrents. Près de 320 triathlètes dans l’eau (les filles sont parties 7 mn devant) : c’est dense. Ca cogne à n’en plus finir. J’ai de la buée dans mes lunettes, mais reste lucide et confiant. Pas d’essoufflement et de tasses, malgré le contexte. Je profite de la sortie à l’australienne pour évacuer la buée me rejette dans la « washing-machine ». J’ai un théorème, qui vaut ce qu’il vaut : « si tu prends des coups, c’est que t’es dans l’coup ». Comprendre ici, que tu es avec le plus gros des triathlètes ; ce qui, vu mon niveau en natation, est toujours appréciable.




Après une légère erreur d’orientation et avoir servi de cheval d’arçons à un concurrent, je sors de l’eau, plutôt content. C’est la première fois que je nageais en 2 temps : j’ai l’impression que ça m’a bien réussi.

Je parle d’impression, car je cours sans montre aujourd’hui. Je ne la retrouvais pas et ne voulais pas me stresser. C’était aussi une bonne occasion d’expérimenter cette philosophie. Effectivement, la prise d’informations chronométriques en course à pieds et en natation m’aurait stressé pour rien.

Pour rien, car avec 30mn, j’ai réalisé le 171ème chrono sur 357, pas si loin de Caro et Xavier qui sont plus forts que moi dans l’exercice. Or, ce temps n’est pas le meilleur que j’ai réalisé sur la distance. Me focaliser sur cet indicateur m’aurait induit en erreur ! Quant à la course à pieds, je ne sais que trop combien la visualisation du temps et de la perte de vitesse peut impacter le moral et la performance. Égarer sa montre : quel bel acte manqué !

Mais, revenons à nos moutons … ou à nos vélos ! J’arrive en même temps que mon voisin de parc, mais son Argon part avant moi. Je suis un peu vexé de ne pas avoir été plus rapide sur ma transition, sur laquelle je m’étais pourtant appliqué. Je le reprends dès le premier coup de cul, me pose sur le prolongateur et « en voiture Simone ». J’ai choisi Pont-Audemer, car c’est le triathlon le plus plat chez nous. L’occasion de travailler la position aéro que je devrai tenir un bon bout de temps à Vichy. Je double pas mal de concurrents et suis en pleine confiance.

Joie de courte durée, en voyant tout un paquet de "drafteurs qui sucent sur le plat et jouent le maillot à poids sur les deux bosselettes du parcours" (dixit Quenotte dans son résumé de la dernière édition). Belle mentalité ! D’autant plus agaçante qu’aucun d’entre eux ne m’a indiqué que j’avais perdu mon bidon, comportant mon matériel de réparation. Ils font peu d’efforts et pourront galoper en course à pieds, comme je l’ai fait à Beauvais où le drafting était autorisé. S’il y a eu des débats sur le lieu de la capitale de la Normandie, il n’y en a aucun sur la désignation de la capitale du drafting : c’est bien Pont-Au ! Mais peu importe. Je reste concentré sur l’alimentation, mon rythme et la distance de 7m à respecter avec celui qui me précède. Je suis lucide et c’est un bon exercice dans la perspective de Vichy. Passer « bêtement » 5 mn dans la Penalty Box, j’ai déjà donné !

J’entre dans le parc à vélo peu après Caro. Quelle bonne surprise ! Sur Evreux, il me fallait au moins 5 km de course à pieds pour réduire l’écart avec elle en raison de sa natation (elle part 7mn avant et nage vraiment bien). Mieux encore ! J’en frissonne encore en observant les résultats. Je passe loin devant Martin. Si, si. Vous avez bien lu. Je pulvérise le temps du redoutable Martin …

… sur la T2. C’est pas si mal, hein ? Martin terminera près de 7 mn devant moi ; 1er V4. Alors, je me conforte comme je peux. Mais au-delà de la boutade, je suis content d’avoir maîtrisé l’exercice. D’autant mieux que je pars vite.

Pars vite ? A ça non : c’est pas bon. « Pas d’enflammade » comme me disait David, singeant Didier DESCHAMPS. Il a raison. J’ai testé un départ rapide, lors de mon enchaînement de jeudi. Et j’ai bien vu que je ne m’y étais pas suffisamment préparé pour le tenter aujourd’hui. Par ailleurs, il fait très chaud aujourd’hui. L’eau était à 22°C ; le soleil tape fort (30°C annoncés). Je refrène donc cette poussée d’adrénaline : 10 km, c’est 4 fois moins que la distance sur Ironman (selon Martin), mais c’est pas rien.Bien m’en  a pris ! Je crains la chaleur, surtout en début de saison, lorsque mon corps n’a pas eu le temps de s’y habituer. Je reprends des coureurs. D’autres me reprennent. Bref, c’est dur pour tout le monde ! Il n’y a qu’à voir cette photo et ma bouche béante pour vous l’illustrer ! 


Il n’y a qu’à observer, Romaric, maître-nageur à la piscine de Canteleu, que je reprends au début du 2ème tour, alors qu’il est victime de crampe. A ce moment, je suis champion de Canteleu, le début de la gloire !

Alors, je gère ? Non ! Je vous ai déjà écrit ce que je pensais du prétexte de la « gestion ». Je suis vigilant sur l’hydratation et me cale donc sur la meilleure allure possible. Celle qui me permet de courir longtemps, sans trop taper dedans. Celle que je viserai pour le prestigieux marathon de l’Ironman. Bingo ! Pas besoin de montre pour boucler les 10 km en 53 mn.

Beh re-non ! Je vous avais écrit que j’ai couru sans montre ! Mon seul repère était le ravitaillement à 2,5 km de chacune des boucles ; permettant de caler ma prise de boisson isotonique et de m’asperger copieusement d’eau.

Sur la fin de parcours, je ne parviens pas à suivre l’accélération des triathlètes qui me précèdent, désireux de gagner quelques précieuses secondes … mais sur quel temps ? Je longe l’aire de parking, tourne à gauche et aperçois le chronométrage officiel, à proximité de l’arche. La suite, vous la connaissez :





Bref, c’était la forme olympique, pour ce format olympique !




1 commentaire:

  1. Les petites victoires font les grandes.
    Tête froide, lucidité, tu sais autant que moi qu'un CD n'est qu'un petit hors d'oeuvre de ce qui t'attend. La gestion de ton effort, toujours avoir le sentiment de dominer l'évènement, est le point positif à tirer de cette course. C'est çà qu'il faudra être capable de faire à Vichy. Se maitriser, se tenir à sa ligne de conduite, ne pas rater un ravito envisagé... parce que sinon, ton marathon ne sera pas long, il sera très très très long.
    Bravo pour ton Pont'Au et tes Personal Best ! Capital confiance pour la suite. Ca s'annonce bien.

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