mardi 17 septembre 2019

La FraTri


Voilà près d'un mois que j'ai bouclé l'Ironman de Copenhague et deux semaines, que je vous l'avais promis* : « La FraTri ».




Toujours un dossard. Cette fois, sa force ne provient pas de son numéro, mais de l'équipe à laquelle il est affecté.

Avec David, Caro et Xavier - que je ne présente plus - ainsi que l'ami Sylvain, nous concourrons sur le triathlon par équipe de Caen. Nous revenons sur les lieux d'une belle aventure, datant de près de 5 ans**. A l'époque,  « je me pense [...] fini pour le triathlon ». A l'époque, je suis bien moins affûté, mais ils m'emmèneront dans ce qui restera probablement l'un de mes plus beaux souvenirs sportifs.

Aujourd'hui, j'ai envie de leur renvoyer l’ascenseur et de revivre un moment collectif, aussi intense.  Car oui ; même si cela surprendra quelques triathlètes que nous avons croisé dimanche : ce n'était pas une épreuve individuelle !


Comme vous en avez désormais l'habitude, on démarre par la natation. On s'est entraîné dans la configuration illustrée, pour être le plus efficace possible. David mène le groupe. Profitant de son aspiration, je peux protéger Sylvain et Xavier, avec Caro. Ce schéma est flatteur. D'abord, car il confirme mes progrès en natation. Ensuite, car j'y parais grand !

Au bout de 300 m, des algues me forcent à ralentir, tandis que David accélérait légèrement. Je ne panique pas et rattrape l'arrière de la formation. « Mais » (avec beaucoup de guillemets), Caro l'a avisé de mon décrochage ; lequel va se reculer pour me pousser deux fois. C'est sympa, mais je n'estimais de pas en avoir besoin. Au passage de la bouée de mi-parcours, après quelques ablutions, j'arrive à lui indiquer cela et le groupe repart. 

Je suis un temps vexé, avant d'apprécier ce geste de solidarité à sa pleine mesure. En effet, nous reprenons beaucoup de nageurs esseulés. Les autres équipes semblant adopter une stratégie du chacun pour soi, pour ne pas écrire chacun sa m ... ; s'agissant de ceux qui sont le moins à l'aise avec l'eau. M... étant assez adapté à la qualité de l'Orne, dans laquelle nous nous baignons, prenant bien soin d'éviter de boire la tasse ...

Nous en terminons en un quart d'heure. La natation ne comportait « que » 750 m, car nous sommes sur un format « sprint ».


S'en suit la transition. Nous avons convenu de nous épauler et nous le ferons ! J'aide Sylvain à se défaire de sa combinaison. Caro me jette sa serviette, avant de me rejoindre pour l'enfiler ... 

... ce satané maillot de vélo. A quoi pensiez-vous donc ? Son assistance est précieuse, car cette tenue était difficile à mettre à cause de mon torse encore humide.

Nous pouvons donc partir pour 3 boucles d'un peu plus de 7 km. Je me positionne d'entrée à l'avant pour conduire notre peloton. Je dois vous avouer que suis encore un peu désappointé. Toujours soucieux de leur rendre ce qu'ils m'ont apporté, je mettrai donc à un point d'honneur à les conduire durant tout le parcours, en tâchant de n'en décrocher aucun. On s'est entraîné deux fois ensemble, à Jumièges. Je suis conscient de leurs capacités respectives et que je dois faire fie de mon instinct ; lequel m'inciterait à me poser sur mon prolongateur et descendre d'une dent. Je suis attentif à garder le rythme le plus constant possible et écouter ce qu'ils me hèlent.  Notre cohésion semble atypique, si l'on en juge par l'éparpillement de certaines équipes. Je repense à celle qui nous a passé au début. Un des gars restait une trentaine de mètre devant une coéquipière et un de ses camarades. Je ne sais pas s'il voulait l'impressionner, mais c'est d'une stupidité remarquable. Inutile de préciser qu'on les a mangé tout cru. Passé le premier tour, David retrouve la deuxième position, convenue ; me donnant des indications précieuses sur le reste de la bande. On a des moments de franche rigolade. De son côté, Caro s'accroche. Soucieuse du groupe, elle fait les efforts nécessaires pour corriger son appréhension du peloton et recoller après chaque demi-tour ; exercice dans lequel, elle est également peu à l'aise.
A gauche : Caro ne peut laisser moins d'espace avec Xavier. En arrière-plan : les deux cyclistes sont également sensés concourir en équipe ...

On bouclera le parcours à près de 32 de moyenne, alors qu'ils appréhendaient le 30, à l'entraînement. Le contexte de la course explique cela. L'adrénaline certes ; mais probablement pas autant que l'envie de ne pas décevoir les copains.

Je descends du vélo et cours très facilement dans l'aire de transition pour l'y déposer. Cela me confirme, qu'il me restait du jus. Surtout, cela me donne du temps pour enfiler une paire de chaussette, avant d'encourager la team. Au total, on mettra près de 6 mn dans les transitions. C'est presque aussi long que sur ironman. Mais, peu importe : l'essentiel était de rester soudé.

Reste 5 kilomètres de run. Là, on ne peut plus se cacher dans les pieds d'un nageur ou les roues d'un cycliste. A nouveau, la dernière discipline du triathlon sera le révélateur de la qualité de la gestion de course. A nouveau, on y avait songé et prévu de laisser Sylvain mener le train. Avec David, on reste à côté de Xavier et Caro, au cas où ils auraient besoin d'être poussés. Mon compère est tellement à l'aise dans cet exercice, qu'il a pris deux petites bouteilles d'eau et un brumisateur, pour arroser tout le monde. Là encore, on croise des coureurs isolés ou des duos, tandis que le classement des équipe se fait par trois. On a loupé quelque chose ?

Au bout de deux kilomètres, la machine-Xavier est en route. Il est à son rythme. Aussi à l'aise que régulier.
- le corps se souvient, me lance-t-il
- De bons souvenirs du Toursman (2018) et de bonne augure pour ton jubilé (un second Ironman pour ses 50 ans en 2021) !


« Alors Sylvain, ça ne valait pas le coup de serrer les dents ? »

Je peux donc me consacrer à pousser Sylvain, même si c'est moins agréable que Caro. Question de positionnement de la main .... Mais, ne vous méprenez pas ! C'est que Sylvain étant bien plus grand, je dois maintenir mon bras plus haut : c'est plus délicat. Quant à Caro, elle accepte et surenchérit volontiers à nos blagues grivoises, sous les sourires complices de Xavier. Ça aussi, c'est l'esprit d'équipe !

Au 3ème kilomètre, Sylvain fléchit
- Je vais marcher un peu, reprendre mon souffle et repartir
- Pas question ! Il ne reste que 2 kilomètres. On y est presque. Tu me maudiras après !

En réalité, il devrait réagir : « c'est l'hôpital qui se moque de la charité ! ». Il sait comment j'ai terminé mon marathon à Copenhague. Et il s'accroche. Il donnera vraiment tout.




On termine tous les cinq, main dans la main.

Je devrais écrire que le résultat importe peu, tellement j'ai pris de plaisir sur ce triathlon. Mais ce serait oublier l'esprit d'équipe. Que chacun s'est investi pour aboutir à un résultat collectif très honorable. 1:31:55. 62ème au général, derrière des clubs qui se tiraient la bourre. 15ème équipe mixte sur 30. 5ème dans la catégorie vétéran.

Ne me félicitez pas. Mais félicitez les, particulièrement Caro et Sylvain, qui se sont accrochés pour nous permettre de finir tous ensemble, avec ce chrono et ce sourire.

Ne me félicitez pas. Mais enviez-nous ! Enviez-nous d'avoir trouvé ce super prétexte pour faire une belle virée, ensemble. Et il y en aura d'autres ...




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* C'était en [4] des nombreuses notes de bas de page de mon récit
** J'en parle au milieu de ce billet ; entre Fred, David et Martin : décidément « je n’ai toujours pas compris pourquoi le triathlon était classé comme un sport individuel.»

2 commentaires:

  1. Un Triathlon comme Etienne les aime... ensemble, plein de bonheur et de partage, du plaisir et de la générosité !
    Il est de ces sports collectifs qui peuvent être plus individuels que le Triathlon selon la "Loulou Attitude"...

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  2. Ça donne vraiment envie ��

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