Partages sur l'Ultra : les réflexions, émotions et compagnons qui m'amènent à me dépasser.
vendredi 23 décembre 2022
Tough Times Don't Last
mercredi 30 novembre 2022
Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut ...

Tout est cela est d'une récursivité aussi forte que l'enjeu, passionnant : la connaissance et la progression de soi.
Je l'ai probablement trop sous-entendu. Alors, je le précise : ce résultat était écrit avant départ.
Je le scande régulièrement au boulot : "si on fait comme d'habitude, on aura les même résultats que de d'habitude". Il va falloir que je change un ou deux trucs, particulièrement dans mon approche mentale de la course.
Du coup - De base - En vrai - J'avoue (rayez la mention de jeunes inutile ou gardez les quatre, comme eux !) : c'est engageant.
Pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il va donc falloir reprendre le chemin et remonter ce foutu rocher.
J'aime cela autant que j'en ai besoin.
mardi 27 septembre 2022
Pour devenir un homme de fer, il faut déjà l’être
« Vous avez deux heures !», selon l’injonction estudiantine.
J’en avais onze,
selon ma prétention sportive (...).
Le temps et les pensées se sont écoulés au rythme de la Meuse ; bien plus digestes, je vous rassure. Bien plus de réflexions que de déception. Par essence, comment être déçu de ce que l’on n’a pas suffisamment désiré ? L’essence, justement, et cette fameuse citation de Sartre (en illustration) : « l’existence précède l’essence* ».
Pour préciser mon propos, comprenez mon titre à l'inverse de l'endroit où votre instinct vous dirigerez. Le devenir est l'essence. L'être, l'existence qui le précède. Homme de fer n'étant que le slogan. Avouez quand même qu'il claque bien ce titre, non ?
Car, bien au-delà des breloques, ce que je recherche profondément au travers de la discipline sportive, c'est de devenir un homme et un père meilleur. Discipline étant tant à apprécier dans sa dimension étymologique (l'apprentissage), que médiatique (la rigueur).
Je crois que je l'ai oublié un temps, dans ma préparation. Je suis certain d'être tombé dans cet écueil, que j'arbore souvent : confondre la fin et les moyens. "L'Ironman ne se limite pas à des chiffres. C'est une guidance. L'engagement doit être quotidien et ne se limite pas à une quinzaine d'heure de training par semaine." exprimais-je dans mon dernier récit.
Cela va plus loin dans l'absurdité. Celle d'un mec qui ne boit pas une goutte d'alcool, mais qui ne réalise pas le même effort avec les carrés de chocolat. Si c'était à refaire (et le je fais présentement !), je profiterais du whisky et du bon vin, avec mon copain modération, qui m'accompagnerait aussi sur le sucré. Résultat : j'ai pris le départ de l'Ironman, vraiment pas aussi affûté, que ce que j'aurais dû. Heureusement, mes exercices de préparation physique ont porté leurs fruits : préserver ma santé et mon intégrité physique. Je n'ai pas été blessé ailleurs que dans ma fierté.
Maastricht n'est ni un échec, ni une déception ; mais un terrible hiatus. Cet écart entre la visée de performer et les moyens à mettre en place pour y parvenir. Non. Je n'ai pas incarné cet objectif. Etre finisher est une chose ; performeur en est une autre.
Cette petite voix dans ma tête. Cette répétition d'une histoire si commune : la mienne, comme celle de nombreux sportifs en découlant avec des activités chronométrées.
- Première épreuve : finisher avec le sourire, sans pression (sauf à l'arrivée). Il semble que le corps et l'esprit se soient préservés car ...
- Deuxième tentative : libéré, on envoie plus et ça fonctionne
- Troisième : on devient confiant et on se met la pression d'un performeur (au lieu de la boire, donc !). Difficile de transformer l'essai de comprendre qu'une compétition ne fait pas l'autre, surtout avec les aléas inhérents à nos disciplines longues et en extérieur
- Quatrième : bis repetita
Toute ressemblance avec des faits ou des personnes ayant existé ne serait pas fortuite.
Transformer, le "j'y arrive pas" en "faut que je change un truc". Mais quoi ?
Comprendre ce que signifie l'objectif qu'on s'est assigné et mettre les moyens en adéquation : être finisher est une chose ; performeur en est une autre. Mais lesquels ?
Nonobstant pas mal de points positifs dans ma prépa, pour devenir Sub11, il aurait fallu que j'atteigne un poids de forme me permettant de courir plus vite .... et d'enfiler ma combinaison plus facilement ! Au-delà de l'anecdote, c'est le reflet dans le miroir et l'estime de soi : je ne me suis pas senti aussi fort (car affûté) que sur mes trois premières tentatives. Pour devenir Sub11, j'aurais dû pousser davantage mon corps dans ses retranchements lors de certains entraînements et véritables Big Training Days ; mettant le corps au supplice, comme l'estomac. Pour devenir Sub 11, je devais approfondir ma préparation mentale ; dépasser l'outillage classique et m'attaquer à mes freins les plus profonds. Pour devenir Sub 11, il fallait donc déjà "faire" ! Mais, je n'y étais pas prêt en 2022. D'où ce hiatus. Dont acte. C'est un apprentissage, donc de la satisfaction ; même si elle est récente.
C'est étrange et réjouissant. C'est en m'interrogeant sur mon objectif de 2023, que j'ai reformulé cette question "que me faut-il pour devenir ...?". Plus précisément, pour devenir, un finisher de 300 bornes de gravel, il faut déjà quoi ?"
La suite dans le prochain billet.
I'm back
IronLoulou
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* On la retrouve dans ce billet philosophique : https://ironhead-ed.blogspot.com/2020/08/velosophie.html
samedi 13 août 2022
Burn ; bore ; born
N'ayez crainte ! Ce billet ne traitera pas de verbes irréguliers ; mon anglais étant plus "fuyantly", que "fluently". Simplement, ces verbes anglophones permettent de réaliser un triptyque de triathlète et un titre qui claque autant que ma décision.
Pour la première fois, l'introduction ne dépassera pas une centaine de ligne. Pour la première fois, j'ai abandonné : la tête et les jambes ne voulaient plus.
"J'comprends pas. C'est pas la première fois que ça m'arrive."
Réplique culte à 1:30 de ce sketch (en lien ci-dessus) de Claudia Tabgo, qu'on a découvert avec mes Chéries. Et j'en ai vraiment eu besoin : d'Elles. Plus que de la réplique humoristique, atténuant une amertume, que j'espère passagère.
Elles ont été géniales de bout en bout. Dès le retour du Gelreman, en me demandant sur quelle course on repartirait, pour passer un super moment ensemble. Fred (BipBip) avait raison de m'inviter à les associer à mon projet d'Ironman dès le premier, à Vichy. Elles ont été super conciliantes durant la préparation et l'austérité relative, qui en résulte. Encore plus sur ces derniers jours. Elles acceptent de suivre mon pas pressé (d'aller chercher le dossard) le vendredi et me laisseront vaquer à mes préparations le samedi ; en profitant pour visiter Maastricht. Ah, oui : c'est effectivement à Maastricht, que je vécus mon Waterloo(se). Quel ingrat ! Elles qui étaient à mes petits soins encore la veille. Victoire préparait tous mes repas, tandis que Solène réalisait un soin de visage avant de me coucher. Dans ses messages d'avant-course, Fred inclut toujours la notion de "peintures sur le visage". Celles-ci, à base de crème hydratante, préparent probablement plus à la relaxation qu'à la guerre du lendemain. Mais quel pied !
Petit coup d'œil au téléphone avant de m'endormir, car je me languis d'elle. Elle qui se fait désirée et que vous attendez tous : la traditionnelle photo des Pape !

lundi 27 juin 2022
Back on my Trail
Il y a trois moments, durant lesquels on passe littéralement pour des extraterrestres ; pour ne pas écrire des fous. Quand on s'inscrit, puis quand on réalise un Ironman® . Entre les deux, un mois particulièrement chargé en entraînement.
Entre les deux, la véritable difficulté de l'Ironman® . Annoncer, tout guilleret, qu'on s'inscrit n'est jamais le plus difficile ; même si je garde une certaine nostalgie de ma première inscription. Terminer, une certitude, comme je me le remémorais dans mon avant-dernier billet.
Mais, durant cette période, "Personne ne vous donnera de médaille pour aller courir tous les midi. Personne ne vous encouragera pour aller rouler tous les dimanches. Personne ne vous félicitera pour repousser vos limites". Dixit le Youbeur IronUman, dans une vidéo de motivation.
Difficile de partager ses moments d'euphorie et de doute. "L'aventure ensemble ; le défi face à soi-même", comme le résume un mec qui mériterait aussi des followers : Quenotte. Chaque séance semble aussi importante que la précédente. On s'approche parfois du volume des triathlètes professionnels .... à 50% près. On dépasse toujours celui des footballeurs. Au-delà des statistiques contestables - pardon pour le pléonasme - un moment de vérité.
Tu parviens à jongler entre la vie pro et perso. Des déplacements, Parcours'Sup et le brevet. Mes filles. Rien n'est plus important.
J'ai démarré fort ce mois. David, puis Christophe me permettaient de borner avec enthousiasme, sous la canicule. Les séances passaient bien. La glisse et le rythme de course revenaient. Je passe une matinée débout, sur un port, à manipuler des filets pour le boulot, sans la moindre gêne au dos. C'était beau. Trop beau. Mercredi, j'arrive à me défaire du canapé pour aller rouler. Mais les jambes ne sont pas là. Bloqué dans la côte d'Hénouville, avec un cardio ne dépassant pas les 60% de puls. Je mets le clignotant ; espérant que les sensations reviendront le lendemain. Rien. Craignant d'avoir choppé un truc et redoutant que cela s'empire dans l'atmosphère chlorée de la piscine, je fais l'impasse sur la séance de natation du jeudi. Je la remplace par un exercice de transition très léger. Je reste lucide. M'efforce d'écouter mon corps et de rationnaliser. Ne pas s'arrêter. S'adapter. Rester en mouvement avec des exercices de mobilité. Tourner les jambes sur le vélo d'appart', face à une vidéo ; plutôt que dehors, face à ses doutes. Enchaîner à pieds 15-30 mn. Ecouter mon corps et rationnaliser. Ne pas s'arrêter. S'adapter.
Vendredi, c'est off. Dans 2 jours, je m'aligne sur un trail de 24 km. J'avais envie de remettre un dossard et me replonger dans l'ambiance de la course. Alors, je fais comme si elle avait lieu. Et à l'approche d'une compétition, l'évangile selon Sainte Véhéma est formel : J-2, c'est off. Samedi 1h de vélo d'appart et 15mn de course à pieds. Souple. 11 km/h. Ouf. Ca a l'air d'aller mieux.
Au premier ravito, j'ai à peine entamé ma gourde. Je prends un bout de barre de céréale et un petit gobelet d'eau et en avant Guingamp ! J'ai réglé l'affichage de ma montre pour y voir apparaître le kilométrage et ma fréquence cardiaque. Tout se confirme : le roadbook, comme mes sensations. Je reste donc dans le groupe sur le plat (très relatif en trail !) et m'en dégage dans une des bosses de la portion 7-10 k, que j'avais identifiée. J'aime ça. ce retour aux sensations. Gérer ma course à l'instinct. Sentir des écarts entre la vitesse et le cardio ; à mille lieux de l'indispensable course au métronome de l'Ironman®. Back on my trail, comme le braille la chanson éponyme en haut de cet article !
mardi 31 mai 2022
IronLoulou 3.0
J'ai d'abord mis cela sur le compte du contre-coup du Gelreman, puis de la digestion de sa désillusion. Loin du Sub11 visé, ce chrono effaçait celui de Copenhague et la confiance accumulée. Ensuite, sur le COVID et la fatigue engendrée. Le "mal" était là - mais, en était-ce un ? - : je ne ressens plus l'enthousiasme jouvenceau des premières prépas.
L'impatience béate a laissé place au tempo laconique de l'application illustrée ci-dessus. Les semaines et les séances s'égrainent impassibles. Ma courbe de progression ressemble plus à une asymptote qu'à une fonction exponentielle. Les lois de la biomécanique et de la gravité sont intraitables : nous sommes condamnées à ralentir. On s'entraîne "juste" pour en atténuer les effets.
J'ai supprimé des classiques de ma liste d'Ironsongs. Nonobstant leurs qualités musicales indéniables, ces morceaux de Toto ou de Bon Jovi ne provoquent plus le coup de booster escompté. Cet ancrage puissant de ma PNL (Programmation Neuro Linguistique) indispensable pour relancer la machine, quand il le faudra.
C'est ainsi qu'une certaine naïveté a disparu. Je "savais" l'Ironman® difficile. J'ai "connu" le mur par trois fois.
Le "flow" : ce sentiment d'euphorie quand l'adversité est au plus fort. Ce "flow", que l'on recherche plus ou moins consciemment. Le "flow" nécessite de passer par la souffrance. Celle-là même qui est inhérente à la discipline. Alors oui. J'aurai mal avant de goûter à cela. Je grimacerai avant de sourire aux anges. Il faut m'y préparer résolument.
La béatitude laisse donc place à la lucidité. La plénitude sera au bout, c'est certain.
Car si le Sisyphe, que je suis, continue de pousser son rocher. Si les sources initiales de satisfaction, ou de "bonheur dans l'accomplissement de sa tâche", s'effacent. Elles sont remplacées par d'autres.
Sur l'alimentation : changement de régime ! Fini le "sleep low" et la préparation à courir avec les réserves épuisées. L'objectif n'est plus de savoir le faire, mais de repousser l'échéance .... en mangeant. Mon dernier training day m'a permis de tester positivement les 60g par heure à l'aide de gels : il faut se préparer à ce qui parait si indigeste au bout de l'effort.
Dans la tête, les sensations enivrantes ont remplacé la psychothérapie revendiquée. De plus en plus de glisse, en natation. Parfois même, la culbute ; juste pour le sentiment d'appartenir au groupe des nageurs. A vélo, je prends les bosses autant pour me préparer à celles qui jalonneront le parcours, que pour le plaisir de grimper et de descendre. Qui l'eut cru ! Si je reste prudent, je suis surtout décomplexé. Le run reste mon mode d'évasion favori, lorsque j'emprunte les sentiers du Golf du Morbihan, en vacances, ou ceux de la forêt Roumare, seul ou accompagné de Caro et Xav' le dimanche. Le pied.
Ce plaisir dans la camaraderie, lui ; n'est pas prêt de disparaitre !
Au-delà de la musique, je découvre la force des mots d'ancrage. "Focus" avait vraiment bien fonctionné pour les transitions. Un trio le complétera pour d'autres circonstances ....
Et pour les Ironsongs, donc ? J'en ai de nouvelles, dont cette BO motivante, que Fred reconnaîtra bien vite.